En toute logique, Diane et Actéon, tiré des Métamorphoses d’Ovide, est le sujet traité au Musée de la Chasse. Actéon, fasciné par la chasse, a le malheur de surprendre Diane dans son bain. La déesse, n’appréciant pas d’être dévisagée par un simple mortel, le transforme en cerf qui se fait dévorer par ses propres chiens. Le mythe, bien entendu, renvoie au voyeurisme érotique et artistique, ses jouissances mais aussi son danger. Autour d’un tableau de grand format, Garouste développe une série de variations qui mettent en scène différentes bribes de cette histoire.
A l’école des Beaux-Arts, c’est en quelque sorte une rétrospective des travaux de l’artiste, quatre pièces monumentales réalisées entre 1987 et 2003 : Les Indiennes, La Dive Bacbuc, Ellipse et Les Saintes Ellipses. Puis, chez Templon, son galeriste attitré, ce sont les tableaux les plus récents, dont le titre, Zeugma, signifie le lien en grec. Selon Garouste, il s’agit d’un travail sur la mythologie biblique. De fait, rien de nouveau, car depuis longtemps son œuvre, qui se nourrit des lectures de la Bible et du Talmud, propose une lecture basée sur ces sources.
Pour autant, tout semble fictif, car le peintre invente un univers imaginaire où les personnages, figures distordues, vrillées sur elles-mêmes, dont les mains forment des gestes déroutants, semblent sortir directement des toiles d’El Greco. Dans cet univers entre rationnel et irrationnel, la folie n’est jamais loin. Mais déjà Diderot a déclaré : « il n’est pas de grand artiste sans un coup de hache à la tête ». Quoi qu’il en soit, avant tout, Gérard Garouste accorde une place essentielle à la transformation des idées et des concepts en images. Autrement dit, il pense en peintre.
Itzhak Goldberg
Gérard Garouste, Diane et Actéon Musée de la Chasse et de la Nature, jusqu’au 1er juillet Gérard Garouste, Zeugma, le Grand œuvre drolatique Galerie Templon et Beaux-Arts de Paris, jusqu’au 15 avril