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M.Macron et la dispute

Publié le 19 avril 2018 par Christophefaurie
M.Macron semble avoir un talent rare. Il aime disputer avec ceux qui ne partagent pas son point de vue. "Vous avez vos questions, j'ai mes réponses", disait Georges Marchais. Presque toujours, la discussion politique est une confrontation de monologues. La raison en est que, sans une prudence de tous les instants, il est facile de faire des erreurs fatales. Mme Le Pen, lors du débat télévisé de la présidentielle, en donne l'exemple. Voilà pourquoi :
  • Le "framing". C'est ce qu'a tenté Mme Le Pen. Il s'agit d'induire une réponse par la formulation de la question. Mme Le Pen a violemment attaqué M.Macron. Elle s'attendait à ce qu'il devienne agressif, et qu'il perde la face. Il a désamorcé l'attaque, en lui disant "pourquoi tant de haine ?". Son procédé s'est retourné contre elle. Peu de gens seraient capables de cette manoeuvre. 
  • Le bien et le mal. Nous sommes si sûrs d'avoir raison que la contradiction est impossible. Du coup, nous perdons nos moyens lorsque l'on ne nous tient pas le discours attendu. Comme Condorcet, nous devenons des "moutons enragés". Ce qui nous amène au point suivant :
  • La politesse. Nous sommes formés pour éviter le conflit. D'une part, cela nous amène à avaler des couleuvres. D'autre part, celui qui perd son sang froid perd la face. Mais la politesse n'excuse pas tout :
  • La paresse intellectuelle. Le psychologue Robert Cialdini dit que la seule chose que l'homme optimise, c'est son cerveau. Il l'utilise le moins possible. Nous ne sommes pas formés à décortiquer en temps réel la parole d'un interlocuteur. Retour au premier point, et sensibilité à la manipulation. 
D'ou, trois questions pratiques :
  • La force de M.Macron ? M.Macron est peut-être l'idéal de Socrate et des existentialistes : un homme qui a trouvé ce à quoi il croit. Comme Clémenceau, il a peut-être des principes chevillés au corps, et ces principes résistent à l'examen. Parmi eux se trouve, qui sait ?, celui selon lequel l'autre peut être convaincu par le raisonnement. 
  • Indestructible Macron ? Clémenceau, ne l'était pas. Par exemple, il lui est arrivé, dans un discours brillant, de faire sauter son propre gouvernement. (Mais c'était peut-être un acte manqué : il était épuisé par sa tâche.)
  • Comment devenir Macron ? Entraînement ? "Accouchement" à la grecque, façon Socrate ? Il faut se confronter au bain glacé de la contradiction, pour parvenir à ce qui est stable en soi ?

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