Faire simple est parfois très compliqué…
Au départ, l’idée, la philosophie, l’exigence de créer des accords et des partenariats avec des agriculteurs, éleveurs, fromagers, vignerons à travers la France, recevoir leurs productions, ouvrir un restaurant pour cuisiner le tout et une épicerie pour les vendre aux consommateurs parisiens, tout cela est hautement respectable.
Serge et Pascal, les deux compères à l’origine du concept qui existe déjà chez Ma Biche, leur premier restaurant aux Abesses, ont mis en place ces contacts depuis plusieurs années pour privilégier sur Paris les circuits courts, des produits bios à la traçabilité sans failles, et si possible des arrivages réguliers.
L’ouverture récente de Mon Loup leur fait passer une étape supplémentaire. Une salle plus grande, plus fraiche, plus lumineuse, bien agencée, à l’ambiance agréable et sereine, sans parler de la sympathie communicative de Serge en salle.
Tout roule donc, même si le démarrage de l’épicerie tarde un peu pour cause d’inondation inopinée. Pour mettre en assiettes toutes ces belles choses, ils ont choisi David Charrier comme chef. Ses parents tenaient le célèbre Roi René en banlieue parisienne, et lui est passé par Castel et l’hôtel Molitor.
Le choix du style de cuisine s’est imposé de lui-même. Familiale, sans fioritures ni tics modeux, du vrai, du brut, du réel. Des plats simples réalisés simplement. Mais faire simple est parfois compliqué. Cela ne veut pas dire faire n’importe quoi n’importe comment car, sur certains plats, Mon Loup est au bord du précipice. Faire « familial » c’est bien mais il y a des familles où l’on mange mal.
Au déjeuner, une ardoise avec 4 plats au choix pour chaque catégorie. On les retrouve à la carte du soir, agrémentés de quelques recettes plus « riches » et en apparence plus « travaillées ».
La Terrine de cochon, donne le ton. Elle est rustique à souhait, texture fine, servie généreusement, et s’en sort convenablement au niveau des saveurs.
L’œuf parfait est comme souvent sous cuit et glaireux à souhait ce qui devient franchement désagréable ou alors gobons les œufs directement dans la coquille, ca évitera les approximations des cuissons. Il est posé sur une « crème de champignons » de Paris, également rustique. En fait, des champignons hachés menus et liés à la crème. Donc, plutôt des champignons à la crème qu’une crème de champignons. Passons.
Le Filet de lieu noir trop cuit, fade par manque d’une mise en valeur par la cuisson, est posé sans ménagement sur des bouts de chou rôti et une vinaigrette de betterave en une alliance qui ne fonctionne pas et où les produits s’annulent les uns les autres. Dommage.
La saucisse vient de l’Aveyron (chez Claude Rus). Un homme qui possède plusieurs entreprises dont Nord-Aveyron Porc à Espalion et La Drosera Gourmande à Laguiole, plus proche de l’agroalimentaire que du petit artisan. Le chef la cuit trop longtemps, et la sèche comme le gratin dauphinois qui l’accompagne. L’ensemble est cependant nourrissant et généreux comme tous les plats de la maison.
Crêpes Suzette agréables et Salade d’oranges parfumée à la badiane franchement délicieuse.
Choix de vins court mais bien fait, à des prix doux et au verre, axé principalement sur le Languedoc en particulier et le sud-est en général.
Accueil, service et ambiance garanties bonne humeur. Prix ultra sages pour les copieuses assiettes servies.
Une cuisine qui mérite, à partir de ces beaux produits, d’être plus soignée pour bien les mettre en valeur.
Une approche certes typique du moment mais qui mérite de s’y intéresser et soutenir ces aventures qui, espérons, auront beaucoup de lendemains.
75017 Paris
Tél : 09 51 55 24 29
[email protected]
www.monloup-restaurant.com
M° : Rome
Fermé dimanche soir et lundi
Brunch le dimanche de 12h à 17h
Ardoise déjeuner : 25 € environ (3 plats)
Formule : 12 € (1 plat – 1 café)
Carte dîner : 35 € environ
La Tanière Mon Loup
Epicerie fine & Table d’hôtes
Lunch le mercredi
Diner vendredi et samedi soir
Brunch le dimanche