Il y a peu, très en verve, Emmanuel Macron, Président de tous les français déclarait : "Une gare c'est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien". Propos tout aussi insultant que les précédentes déclarations sur les ouvriers "illettrées" de l'entreprise GAD ou sur les salariés de GM&S qui "devraient chercher du travail au lieu de "foutre le bordel" direz-vous.
En clair, il y a ceux qui font partie de la "Startup nation" ou veulent la fabriquer et les autres ! Et les autres, ça représente beaucoup de français. Qui sont-ils ces récalcitrants ?
Les salariés de la fonction publique. Vieux ennemis des économistes libéraux, d'un certain patronat et d'une partie de la classe politique, ils sont systématiquement accusés d'être des privilégiés qui refusent la prise de risque pouvant mener ... à la sacrosainte réussite !
Quel est donc le salaire moyen "mirobolant" de ces privilégiés ?
"Dans l’ensemble de la fonction publique , en 2014, le salaire mensuel brut moyen en équivalent-temps plein ... d’un agent s’élève à 2 661 euros. Déduction faite des prélèvements sociaux, le salaire net mensuel moyen ... s’établit à 2 205 euros ..." INSEE
Pour les territoriaux : "... Les trois quarts des fonctionnaires de la fonction publique appartiennent à un cadre d'emplois de catégorie C (ouvriers et employés, emplois d'exécution), 15% relèvent de la catégorie B (cadres intermédiaires), et 10% de la catégorie A (cadres supérieurs et emplois de direction)... Le salaire net moyen des fonctionnaires de catégorie C s’élève à 1.744 euros par mois en 2015..." Emploi Public
Viennent ensuite, chômage de masse oblige, les salariés du privé qu'on classe à présent entre "insiders" et "outsiders". En clair, les "privilégiés" qui ont un emploi même très mal payé et ceux qui n'en n'ont pas. Ainsi, il est de bon ton d'expliquer qu'au nom de la flexibilité et de la fluidité du marché du travail, chaque "insider" devrait céder sa place à un "outsider". L'ex insider étant pris immédiatement en charge et formé à une nouvelle spécialité et retrouvant le chemin de l'emploi. En résumé, un voyage permanent au pays de Candy !
Car, comme l'écrit Diana Filippova la réalité est toute autre : "...Les insiders ne sont pas ceux qu’on croit : la sécurité et le revenu reposent aujourd’hui sur le capital, les compétences pointues et le réseau. Tous les autres, qui ne possèdent que la force de leur travail, sont des outsiders potentiels... "
Mais, l'objectif de notre Président est ailleurs. En effet, il faut que les salariés de la fonction publique profitent du plan de départ présenté par le gouvernement pour aller s'épanouir dans le privé et que ceux du privé comprennent que chercher un nouvel emploi c'est "old school" !
Hé oui, que ne font-ils tous parte de la "Startup nation". Vous savez, ce "nouveau" monde où avec quelques lignes de code informatique on devient à court ou moyen (si on est moins doué) terme milliardaire. Message qui est également adressé aux couches populaires qui désespèrent de trouver une issue à leur précarité.
Oui, mais comme l'écrit Slate : " ... Finalement, l’erreur est de s’adresser aux couches populaires en leur proposant la vision du monde et les solutions inspirées de la culture des cadres supérieurs, sans comprendre la violence qu’un tel discours génère. Telles sont les limites de la pédagogie macroniste. Le «rêve californien» se construit sur des inégalités abyssales que personne ne peut esquiver et que tout gouvernement va devoir traiter ..."
Quant aux chômeurs, selon le Président et sa majorité, ils mettent une mauvaise volonté manifeste à retrouver un emploi. C'est pour cela qu'au lieu de recruter des conseillers pour les épauler, le gouvernement a décidé de recruter 400 nouveaux contrôleurs et de porter ce chiffre à 1000 d'ici 2020. Sans doute une incitation pour ces "privilégiés" qui touchent des indemnités à rejoindre les rangs de ceux qui fabriquent la "Startup nation"
Le social ? "Has been" ! La solidarité ? "dépassé" ! Rien que des valeurs d'une autre époque. Le "nouveau monde" de notre Président lui, trouve ses références dans les discours des libéraux du XIXeme siècle comme François Guizot auteur du célèbre : "enrichissez-vous par l'épargne et le travail" ou Benjamin Franklin : " Quiconque vous dira que la fortune peut s'acquérir par un autre moyen que le travail et l'économie est un empoisonneur public! "
Allez, pas de "loosers" dans la France d'Emmanuel Macron ! Car si ceux-ci veulent bien se conformer aux injonctions, l'état sait se montrer aimable à l'égard de ceux qui deviendraient riches grâce à leurs efforts ou ... qui le sont déjà.
En effet, nous rappelle Libération : "... L’OFCE a continué son étude jusqu’à fin 2019, en prenant en compte la montée en charge des différentes mesures. Par rapport à 2017, les 5 % les plus pauvres ne devraient voir leur niveau de vie progresser que de 0,2 %, alors que les 5 % les plus aisés enregistreraient une hausse de 2,2 %. Au total, ils devraient capter 42 % des gains à venir ..."
Alors, convaincus ? J'en vois déjà qui murmurent : "Mais, c'est le président des riches d'aujourd'hui" Et pourtant, notre Président s'est défendu de cette accusation en déclarant des riches français : « Ils se débrouillent très bien tout seuls. » Or, comme l'écrit Michel Richard dans Le Point : "... comment ? Ils n'ont pas besoin d'un président ? Ils se débrouillent très bien tout seuls ? Mais pourquoi, alors, lui président, a-t-il supprimé l'impôt sur la fortune pour le remplacer par un simple impôt sur le patrimoine immobilier ? Le président répondra qu'il avait plus en tête l'intérêt général, espérant de cet impôt revisité un investissement accru dans l'économie productive. N'empêche : les riches, pour le coup, ont eu besoin de lui et lui ne les a pas laissés se débrouiller tout seuls ..."
Allez, sceptiques de tous poils, idéalistes qui prétendent à un monde plus égalitaire ou pensent réussir leur vie sans devenir riche, jetez vos préjugés aux orties et rejoignez la "Startup nation" de ceux qui deviendront riches ou ... le sont déjà puisque, c'est la France qu'on vous propose ou plutôt ... qu'on veut vous imposer.