La collection de ces poupées soulève de nombreuses questions qui méritent sans doute qu'on s'y attarde. Avant d'être porteuses de revendications sociales, elles ont peut-être été simplement signe de la relation à la mère, d'autant plus que certains enfants en étaient séparés dans le contexte de l'esclavage. Relation à la mère, mais aussi projection de soi. Ainsi on voit sur des photos des enfants noirs portant une poupée blanche (et je me souviens de James Bladwin racontant qu'il n'a découvert qu'à près de 8 ans qu'il n'était pas blanc). Mais l'exposition montre des relations plus complexes : des poupées sont fabriquées avec deux têtes, l'une noire, l'autre blanche, la tête apparaissant étant celle qui n'est pas cachée par le tissu des vêtements que l'on peut retourner. Les auteures sont anonymes, mais ces créations révèlent une nécessité dont il faut sans doute encore explorer les conditions de réalisation.
Une phrase s'impose au-dessus de la porte que nous franchissons en sortant de la grande salle : "Mères, donnez à vos enfants des poupées qui leur ressemblent, pour qu'elles jouent avec et les câlinent, afin qu'elles apprennent à aimer, lorsqu'elles grandiront, leurs propres enfants." (Marcus Garvey - 1887-1940)
L'exposition est visible en ce lieu jusqu'au 20 mai 2018