Quelques décennies après les premières incursions de la banque sur leur territoire, les compagnies d'assurance n'ont toujours pas réussi leurs tentatives de percée inverse. L'apparition de nouvelles approches des services financiers leur procure aujourd'hui une opportunité d'y parvenir : c'est le pari que fait Matmut avec la jeune pousse Lendix.
L'initiative n'est pas totalement une surprise, puisque, par le passé, l'assureur a contribué à deux levées de fonds de la plate-forme de prêt participatif. Ce qui étonne un peu plus est le choix de faire de la collaboration une offre à destination des entreprises plutôt qu'aux particuliers. Ce sont en effet aux PME sociétaires de Matmut que s'adresseront les solutions de financement de Lendix, en bénéficiant d'un petit avantage qui leur sera réservé (sur leurs frais de dossier), en sus de la pré-qualification de leur éligibilité.
Pour la startup, cette intégration est naturellement une aubaine, qui lui apporte un surcroît de visibilité, par l'intermédiaire d'un partenaire de confiance reconnu des PME auxquelles elle s'adresse. Du point de vue de Matmut, la stratégie – si elle ne se limite pas à promouvoir une solution dans laquelle elle a investi – peut s'avérer plus subtile : il s'agirait alors de développer une relation élargie avec sa clientèle en abordant un autre univers financier, tout en maintenant sa ligne directrice consistant à offrir des services utiles.
L'enjeu pour l'assureur n'est pas nécessairement de commercialiser plus de produits, surtout dans un domaine qui n'est pas le sien. En l'occurrence, son intérêt est aussi de renforcer la fidélité de ses sociétaires. Et quelle meilleure idée pour ce faire que de leur donner accès à une plate-forme qu'ils ne connaissent peut-être pas ou qui ne leur inspire pas confiance (avant d'être recommandée par un intermédiaire connu) mais qui peut pourtant répondre à leurs besoins mieux que ne le ferait leur banque ?
Ce n'est probablement pas la direction que prend Matmut, mais la méthode pourrait être généralisée, pour aboutir à une logique de plate-forme de services. Les acteurs qui ont conquis un certain niveau de confiance de la part de leurs clients sont en effet à même de devenir distributeurs de solutions innovantes, de qualité, mais qui ont un déficit de reconnaissance. Et la démarche est d'autant plus facile à entreprendre quand elle porte sur un métier non concurrentiel, tels que le crédit pour le secteur de l'assurance.