Chaque mois, vers le milieu, je vous entretiens d'un disque marquant de ma vie. Comme je le fais mollement pour les livres (que j'ai trop lus, vers la fin) et comme je le fais aussi pour les films (que j'ai trop vu, vers le début).
Le titre de la chronique est un hommage à 4 albums que je connais par coeur, que j'ai tant écouté que j'en connais toutes les notes, et qui font partie de mon ADN.
Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
B.I.B.I. c'est aussi simplement moi. Ainsi que la terminaison du mot Habibi, qui, en dialecte irakien veut dire Je t'aime.
Musique, je t'aime
2008
Je suis un gros fan de Luna. Luna, c'est le band qu'a formé Dean Wareham en quittant son ancien groupe Galaxie 500. Je les avait vu en spectacle au Café Campus, dans les derniers moments de Luna. Je n'avais eu de yeux que pour la bassiste Britta Philips, d'une beauté aveuglante. Nous étions très près du band. Ce qui rendait la soirée complètement séduisante. À la fin de chaque morceau, nous applaudissions dans ce ce que nous pensions beaucoup de bruit. Mais les applaudissements cessaient toujours, laissant un moment de vide en suspension qui agaçait grandement le guitariste. Et il le laissait savoir, il comblait le silence par un "yeah" de redneck. Un peu désabusé. Le band donnait l'impression qu'il en était à son Xème spectacle avec une foule pas assez nombreuse ou enthousiaste à son goût. Dean Wareham, à la guitare et aux voix et Britta Philips, à la basse et aux voix, n'avaient pratiquement pas interagi avec le public, ni souri du spectacle.
On sentait une tension. Dans un rare moment de solidarité public, ou par simple chimie de foule, je ne sais trop, à la fin de chaque morceau, on s'était tous inconsciemment dit qu'il fallait applaudir peu longtemps, ne serais-ce que pour entendre ce que le guitariste nous sortirais dans le silence suivant. Avec un ami, on avait beaucoup ri.
Dean & Britta ne riaient pas du tout. On vivait les derniers moment du groupe Luna.
Il se saborderait effectivement dans les mois qui suivraient. Dean & Britta, un couple dans la vie, tricoteraient leur premier album solo, que j'ai vite acheté et aimé, en 2003, proposant 6 reprises de chansons (De Madonna, Buffy Sainte-Marie, Opal, Angel Corpus Christi, Silver Jews et The Doors) sur 11 morceaux.
4 ans plus tard, le duo lancerait un nouvel album. Que je me précipiterais non seulement à aller acheter, mais aussi pour lequel je me procurerais un billet pour aller voir en spectacle aussi. Dans un endroit plus petit encore de la rue St-Laurent. Au deuxième étage. Où nous n'étions pas plus de 20,. Dans ce qui ressemblait à un studio de danse, de jour. Je croyais, qu'en étant seul, je pourrais me cacher dans la foule et dévisager la splendide Britta sans avoir l'air d'un pervers animal, mais non, nous n'étions que 20, dans un lieu qui montrait beaucoup trop d'espace.
Arrivé sur place, j'avais demandé où se trouvait mon billet, acheté sur le net, ce qui avait jeté le gars de l'entrée dans la consternation. J'avais été le seul à acheter mon billet du net et personne ne s'était donné le trouble d'en produire un billet le confirmant. Mais on avait bien mon nom, et on me laissait entrer, ce qui me rendait encore moins anonyme...
On avait passé plus de 30 minutes dans une tranquillité qui ne laissait pas deviner un spectacle à venir, mais nous étions assis face à une scène (en fait, des instruments, placés là, à notre niveau, pas de scène) vide et le band était en retard. J'étais assis sur une chaise de bois, une chaise d'école. Derrière une piste de danse anticipée que personne n'osait fouler. Et que même si nous le faisions, elle paraîtrait beaucoup trop grande pour le nombre de personnes sur place.
Le band allait arriver avec beaucoup de retard, en passant par la porte d'entrée, passant derrière nous, habillée en hiver (ce l'était) s'excusait presque un à un, à nous, disant que le service au restaurant de la rue St-Laurent avait été pénible. Faisant tomber la barrière de la rock star très au-dessus de son public.
Ce serait un show très intimiste, extraordinairement intéressant. où le couple était fameusement heureux, Britta et Dean, terriblement charmants, et les 20 fans, parfaitement séduits.
Je ne suis pas resté pour l'après-show, où je soupçonne que tout le monde est allé prendre un verre avec le band, là où on aurait, cette fois, voulu le service le plus lent possible afin d'étirer la soirée.
Je ne l'ai pas fait car j'aurais été paralysé par l'effet que me faisait Britta. Je me suis contenté de réécouter leur nouvel album maintes et maintes fois. Que je vous présente today.
BACK NUMBERS de DEAN & BRITTA
Le premier morceau avait été celui avec lequel le duo avait lancé le spectacle. Entrée dans un monde sensuel où Britta produit un son étrange tiré de sa basse. Le son de la guitare de Wareham autour de 3:03 est aussi formidable.
Le second morceau rappelle les duos que travaillaient Lee Hazelwood dans les années 60 Les références de Dean & Britta sont pas mal les mêmes que les miennes. J'aime beaucoup.
Enchaîne ensuite une ballade féérique, presqu'aérienne, où Britta nous invite à aller la rejoindre au fond de la mer, là où je me promets d'être quand la fin du monde arrivera tellement le sentiment de paix et de sérénité y est extraordinaire.
La référence à Hazelwood n'était pas gratuite puisque Dean & Britta reprennent les rôles de Lee & Ann-Margaret en 1969 sur ce morceau ensoleillé.
Je ne trouve aucune référence audio ou vidéo pour la reprise de Teen Angel de Donovan qui suit alors je vous offre en hyperlien la version originale et en extra, un morceau du premier album de Dean & Britta.
White Horses est une chanson composée par Micheal Carr et Ben Nisbet en 1965 pour la série télé du même nom. Elle était alors chantée par l'irlandaise Jackie Lee. C'était devenu un hit à la radio de l'époque en Grande-Bretagne.
La chanson suivante est meublée de guitare sèche et de sons psychédéliques rappelant les effets hallucinigènes de certains barbituriques colorés. En y plaçant l'oreille comme il faut, on y entend des sons cosmiques vers la fin, me rappelant mes frères de l'espace.
Say Goodnight n'est pas non plus trouvable nulle part dans mon coin de vie, sur le net. Je vous offre donc je vous offre Dean & Britta chez les enfants.
La pièce qui suit aurait pu être tiré d'un album de Luna. La guitare électrique accompagnée de violon y est agréable et cousine du band des années 90. Dean y chante le deuil des drogues.
The Sun Is Still Sunny a la saveur du démo dans la prise du son. Britta a aussi fait l'actrice à quelques occasion, son moment le plus grand public étant dans le film Satisfaction mettant aussi en vedette Justine Bateman et Julia Roberts en 1987. Elle y jouait presque son propre rôle et n'avait alors que 24 ans.
L'album se termine sur un morceau repris des Troggs. On y entend la mer. Dean & Britta sont marins. La mer est symbole de la liberté. Voilà pourquoi ma famille a une longue tradition de marins. Parce que la goût de la mer est une jolie maladie à attraper.
Pour amateur de musique indépendante, de Lee Hazelwood, de sensualité, de dream pop, de reprises envoutées, de tandem amoureux, de psychédélisme, de dimanche matin, de sexe marin.