L’actualité est décidément bien calme en France, tant et si bien que le gouvernement et le chef de l’État peuvent consacrer leurs agendas fort chargés et leurs considérables moyens financiers et intellectuels – surtout intellectuels, bien évidemment – à des sujets d’importance qui méritent amplement l’implication de toute la Nation.
Oui, soyons honnête : peut-on vraiment parler d’un souci à Notre-Dame-Des-Landes ? Ce serait vraiment avoir peu de foi dans l’appareil policier de l’État français qu’imaginer des difficultés dans le nettoyage de la zone occupée par cette petite poche de gauchistes tout crottés de la glaise humide du patelin. En pratique, l’affaire fut rondement menée puisqu’en quelques heures et après quelques petites grenades lacrymogènes, les terres furent débarrassées de l’engeance occupante et rendues à leurs propriétaires légitimes sous les hourras de la foule désireuse de retrouver rapidement l’état de droit.
Ou presque, puisqu’après une semaine, il ne reste plus que plusieurs centaines d’occupants (contre quelques dizaines avant l’intervention des CRS) dans la zone boueuse consciencieusement jonchée de cochonneries par les amis de la Terre et autres opposants écologistes au projet idiot de bétonnage aéroportuaire. Tout va donc très bien et la situation ne s’enlise pas dans le limon détrempé du bocage nantais.
Et puis, il faut admettre que les petits prurits revendicatifs d’une certaine catégorie d’ « étudiants » dans les facultés françaises ont été rapidement jugulés et le retour au calme est déjà palpable dans les universités auparavant agitées. Ou presque là encore, puisqu’on se doute bien que le fait, pour une poignée d’excités, d’empêcher des centaines d’étudiants de suivre leurs cours et de passer leurs examens ne pourra plus être toléré longtemps dans la France macronienne correctement gérée.
En outre, la République a été suffisamment En Marche dernièrement pour enfin faire revenir l’ordre et le calme dans ces douzaines de cités anciennement laissées à l’abandon par la Loi, où les trafics en tous genres se pratiquaient au vu et au su de tous, et où police, pompiers et urgences médicales n’avaient plus le droit d’entrer sans déclencher des émeutes. À présent, tout est propre, carré, et sous contrôle, ou presque.
Enfin, force est de constater que les prêcheurs radicaux (et « radicalisants ») de certaines mosquées salafistes sont maintenant correctement suivis voire expulsés, et que le renseignement, auparavant quelque peu bousculé par une organisation confuse, des chefs pléthoriques nageant dans la soupe des acronymes républicains de commissions et autres centres opérationnels de commandement divers et variés, est maintenant optimisé, réduit à sa plus simple expression efficace et que plus aucun acte de terrorisme ne viendra endeuiller le pays.
Si l’on ajoute l’embellie économique absolument évidente et l’optimisme assez revigorant qui transpire de tous les organes médiatiques, la situation française est à ce point excellente qu’elle donne une bonne marge de latitude à notre président pour distribuer sa bonne parole à l’étranger.
Il était donc inévitable qu’Emmanuel Macron, comme Flamby François Hollande avant lui, se lance dans l’une ou l’autre opération militaire qui lui permettrait de montrer que ce qu’il fait à l’intérieur se voit aussi à l’extérieur (et réciproquement). Il n’était que temps pour le président jupitérien de donner des leçons outre-Méditerranée, comme Sarkozy et Hollande avant lui, car même si coloniser fut un crime contre l’Humanité (si l’on s’en tient aux tenants actuels de la contrition systémique et de l’autoflagellation permanente), en revanche, balancer quelques missiles téléguidés représente un progrès humanitaire certain.
Au passage, on devra s’étonner de la méthode choisie, puisqu’elle consiste à puissamment ventiler les stocks de produits chimiques et neurotoxiques à coup de bombes, pour éviter, dit-on, qu’Assad ne ventile puissamment ces stocks à coup de bombes… Mais baste, passons et demandons-nous plutôt quel est le but réellement poursuivi, indépendamment des résultats obtenus, sujets à caution ?
Rétablir la paix dans la région ? Comme le conflit dure depuis au moins 8 ans, on peut douter qu’ajouter quelques missiles au tableau actuel va permettre un élan décisif vers la paix.
Faire s’écrouler le régime d’Assad ? Peut-être, mais dans ce cas, la question de son remplacement se pose immédiatement. On sait ce qu’on perd, quoi qu’on pense du leader syrien, mais on peine à voir ce qu’on peut gagner en face, la situation étant, comme en Libye, assez peu claire et fortement sujette à des tensions internes et externes…
De toute façon, l’historique n’est guère bon sur les précédentes opérations militaires (françaises ou occidentales en général) : de l’Irak à l’Afghanistan en passant par la Libye, on ne peut pas dire que les interventions furent couronnées d’un succès flamboyant, d’autant qu’en plus, elles furent à chaque fois motivées par des éléments ou des « preuves » qui se sont tous révélés plus ou moins bidons au fil des années, ce qui impose de prendre les déclarations actuelles avec un minimum de recul…
En outre, les opérations menées par le Généralissime en Chef François Hollande ont été aussi peu suivies d’effet durables que celles du Grand Chef de Guerre Sarkozy.
Celles de Jupiter Macron permettront-elles d’améliorer le sort des Syriens ? Au vu des précédents, on peut raisonnablement en douter.
Mais indépendamment de ces questions, en attendant, cela n’améliore absolument pas le sort des Français.
Tout juste cela donne-t-il l’occasion aux armées françaises de tester leurs derniers missiles de croisière mais à 2.8 millions d’euros le missile, alors que nos finances sont exsangues et qu’on empile les dettes dans le nucléaire (Areva), les transports (SNCF) et à peu près partout ailleurs, il serait probablement temps de revoir quelque peu les priorités de la politique française.
De façon générale, il est assez piquant de constater que Macron, exactement comme ses prédécesseurs et avec une probabilité de réussite exactement similaire, recherche avidement à l’extérieur du pays une distraction aux problèmes qu’il ne parvient absolument pas à résoudre à l’intérieur. Usant de la même tactique politicienne pour occuper la galerie, le voilà parti guerroyer sans mandat, au frais du contribuable.
Macron, devant l’aventure syrienne, aurait pu se montrer différent des précédents clowns politiciens qui l’ont précédé. Entre deux micro-réformes et un manque assez flagrant de courage politique, il a choisi la facilité et la reproduction à l’identique d’un schéma déjà connu, déjà essayé, déjà foiré.
Son année passée au pouvoir ne fut vraiment pas excellente. Cette nouvelle péripétie n’augure rien de bon pour les quatre qui lui restent.
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