Au sous-sol du Drawing Hôtel, rue Richelieu, à Paris, se tiennent régulièrement des expositions de dessins que je qualifierais d’expérimentales. Celle en cours présente le travail de Gaëlle Chotard. A voir jusqu’au 16 juin. Titre de cette expo: « Ce qui me traverse » (tiré de vers d’Aragon dans le « Fou d’Elsa »).
Ici, la feuille de dessin, c’est la salle. Grande salle aux murs blancs. L’artiste a tracé, étiré, emmêlé et griffonné. Elle a relié, affiné, traversé, quadrillé, et levé la main pour stopper, puis elle a repris… Au bout de ses doigts, du fil métallique en guise de crayon.
La page blanche, c’est la salle vide. L’artiste dessine dans ce volume. Mais elle se fait discrète. Elle est modeste dans son geste d’occuper l’espace. Elle lui laisse la place. Le vide de la pièce est libre de jouer son rôle, de soutenir, de révéler, de faire voir les traits tracés par l’artiste. C’est une collaboration entre eux.
La petite salle voisine montre des dessins à l’encre de Chine. Des croquis, des lavis qui se répondent avec l’installation de la première salle. Qui se font écho, qui résonnent, qui s’appellent.
L’ensemble construit une oeuvre unique. A laquelle viennent se marier les ombres (première salle). Elles aussi sont dans l’oeuvre. Tout un jeu de projections et de doubles qui viennent animer murs et plafond. (Cet exercice est à son comble dans une autre petite salle, obscure celle-ci).Les créations de Gaëlle Chotard, arachnéennes, sont à la fois dans l’infiniment petit et dans l’extension de l’univers infiniment…infini. Intérieur du corps humain, avec ses réseaux et ses noeuds. Ou lointains galactiques avec ses myriades et ses mouvements géants. C’est ce que tout cela nous évoque. Mais, de toute façon, on est dans l’émotion pure.
Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois (pardon pour la qualité médiocre des photos. Allez voir le travail de Gaëlle Chotard, c’est mieux!)