La réalité du marché rattraperait-elle PayPal ? Après son remplacement par Adyen sur le site de son ancien propriétaire eBay, le pionnier des paiements en ligne doit trouver de nouveaux relais de croissance. Selon les informations du Wall Street Journal, il semblerait qu'il ait recours à une recette bien connue… sans garantie de succès.
Bien que de nombreuses startups du domaine semblent n'en prendre conscience – ou, à tout le moins, s'en préoccuper – que tardivement, il faut comprendre que les activités de paiement sont rentables uniquement pour les acteurs qui parviennent à atteindre une masse critique conséquente ou ceux qui réussissent à s'emparer d'une niche spécifique. Dans le cas de PayPal, le monopole sur eBay représentait une combinaison de ces deux conditions, produisant d'excellents résultats au fil des ans.
Cette situation confortable a certainement endormi la combativité de l'entreprise, jusqu'à lui faire rater, dans une large mesure, la révolution mobile. Naturellement, elle n'est pas restée entièrement statique, entre son acquisition de Braintree (et son produit Venmo) pour reprendre pied sur le mobile, justement, et les lancements successifs de ses cartes de crédit, prépayées ou de solutions de crédit. Mais ces ajouts génèrent peu de marges et il devient urgent pour PayPal de trouver de nouvelles sources de revenus.
Or la prochaine innovation qu'elle nous promettrait serait plus ou moins la même que celle que privilégient la plupart des nouveaux entrants quand ils commencent à se préoccuper de leur modèle économique : pourquoi ne pas créer une banque ? Celle-ci peut prendre des formes diverses, elle peut viser des objectifs variés, elle peut reposer sur différentes approches… mais l'idée générale est d'étendre le champ d'action initial afin de capter une part plus importante des opérations financières des utilisateurs.
En l'occurrence, PayPal s'attaque au segment des consommateurs non bancarisés, à qui elle veut offrir un moyen simple de participer à l'économie numérique – non seulement l'e-commerce, mais aussi les services tels qu'Uber, AirBnB… Pour ce faire, elle propose d'adosser quelques services complémentaires à son porte-monnaie virtuel : une carte de débit permettant d'effectuer des retraits dans les distributeurs et une application de dépôt de chèque dématérialisé (par photo, un procédé standard aux États-Unis).
Le compte lui-même n'encourt aucun frais mais certaines opérations seront facturées aux clients (notamment le dépôt de chèque), parce que, PayPal ne disposant pas du statut nécessaire, ses services bancaires sont sous-traités à des établissements partenaires. Ce choix laisse supposer que le but est donc de développer la base de clientèle et de continuer à accroître le volume d'échanges pris en charge, dans la continuité de la stratégie existante. Mais cela suffira-t-il à stimuler significativement l'activité ?