Après avoir fréquenté les grands prélats de France, au couvent des Bernardins, le lundi 9 avril 2018, notre Jupiter national s’est rendu, ce jeudi 12, dans une humble école de l’Orne pour deviser avec Jean-Pierre Pernaut sous les caméras de TF1.
Commençons par la Conférence des Évêques de France (CEF) aux Bernardins lundi 9 avril. Le Président y est invité en tant que chanoine de Latran (Mais Latran sans danse au menu est) et amène, amen, un discours fleuve dont on retiendra surtout la petite phrase : « nous partageons confusément le sentiment que le lien entre l'Eglise et l'Etat s'est abîmé, et qu'il nous importe à vous comme à moi de le réparer »
Ce petit pavé dans la mare continue à faire des remous. La gauche est vent debout et y voit un affront à la loi de 1905, celle de la laïcité. Mélenchon voit Macron déguisé en sous-curé assumant le rôle de VRP de la pensée chrétienne. Il est vrai qu’un Président de la République n’a pas à se soucier d’un lien qui ne peut plus exister, de jure, depuis 1905 ! La laïcité sépare bien la sphère de l’Etat de celle des religions.Et pourtant Macron évoque l’utilité des catholiques, il incite les fervents du Christ à prendre davantage de responsabilités dans la société, les exhorte à ne pas se sentir rejetés sous prétexte que leur combat contre le mariage pour tous, à coups de Boutinisme aigu, s’est révélé vain (de messe).
Bien entendu, les pratiquants des églises applaudissent ce discours inattendu tant le baume au cœur s’installe. Le chef de l’Etat a même parlé du salut dans son discours ! Un salut, bréviaire (et non pas insalubre Eve y erre) de notre chef Elyséen ! Alleluia ! Jupiter va s’occuper de notre âme, nous faire traverser la mer morte d’avoir été souillée par tant de vagues de perdition séculière. Ça sent la résurrection, le message messianique qui va doper les affluences dans les églises et ôter le sentiment de honte à celui qui porte en bandoulière les valeurs évangéliques. Et venge Elysée les victimes des discriminations au nom de leur culte.
Applaudissements chez le croyant, où la foi bien ancrée tient, rivalisent avec ahurissements teintés de colère chez l’anticlérical dont l’antique urée fait pisser dans un violon dès lors qu’on lui propose une quête pour le denier du culte.
Passons, à présent, à l’école. Le petit Emmanuel a toujours aimé l’école, a épousé sa prof et continue, en saignements, à donner de sa personne pour le salut de la France. Le voilà donc, ce jeudi 12 avril, dans une classe de l’école de Berd’huis, dans l’Orne car l’Orne est l’âme utile et mat (l’Ornella Muti l’aima). Un mat rural où Jupiter accroche la voile de la communication présidentielle pour le plus grand plaisir de Tf1 et de Jean-Pierre Pernaut, interviewer patenté (pas tant que cela, à vrai dire) pour ménagère de plus de 60 ans, ménopausée.
Au cœur du Perche (de micro), dans cette petite classe, Macron va faire du Macron pour satisfaire aux questions rustiques du journaliste dont le seul nom évoque le pastis, les cigales et les éternelles parties de pétanque pagnolesques.
Quels furent les sujets abordés ?
L'entretien a démarré par la situation en Syrie, et notamment l’attaque aux gaz toxiques à Douma, dans la Ghouta orientale. Le Président a assuré que la France agirait en Syrie après avoir vérifié toutes les informations. S’il s’avère que le chlore vient bien de Bachar-Al Assad, les rafales français frapperont les installations du tyran syrien, en guise de représailles. Le cas Syrien, né faix, est fardeau du monarque ! Il s’en délestera si la ligne rouge est franchie !
Les questions auraient pu porter sur Bachar et la ZAD mais il ne fut pas question d’évoquer les heurts de Notre-Dame des Landes car la religion avait été suffisamment abordée au couvent. Pernaut porta donc l’interview sur le sujet de la grève des cheminots. Jupiter confirma qu’il irait "jusqu'au bout", donc sans chemin de traverse, mais assura que l'entreprise ne serait pas privatisée : "Je le garantis absolument, ce sera dans la loi, 100% de capitaux d'Etat". Et les "cheminots qui sont cheminots resteront cheminots", a-t-il ajouté. Il est vrai que l’homme a toujours martelé que le changement de statut ne s’appliquerait qu’aux nouveaux venus, soit des contractuels mis sur des rails de précarité et se disant, vagues : « on reste aux rangs ? »
Puis, Emmanuel Macron dut se livrer à un exercice de pédagogie sur la hausse très critiquée de la CSG (contribution sociale généralisée). Cette sympathique mesure frappe notamment les retraités les plus aisés. Jupiter s’expliqua : "J'ai demandé un effort aux personnes retraitées, à une partie d'entre elles. (...) Je leur dis merci." Et d'ajouter : "Je n'ai jamais pris un retraité pour un portefeuille. (...) J'ai beaucoup de considération pour les aînés." On sait désormais que Macron a une bonne vue mais si, un jour, par malheur, il croise dans la rue un portefeuille en déambulateur, il devra au plus vite consulter un ophtalmologiste si tant est qu’il y en ait un, disponible immédiatement !
Il fut ensuite question de la suppression de la taxe d'habitation après 2020, contre 80% prévus initialement. "C'est l'impôt le plus injuste qui soit", a justifié le chef de l'Etat, reprenant un vieil adage. "Vous confirmez que tout le monde en sera exonéré à la fin du quinquennat ?" l'a relancé Jean-Pierre Pernaut soucieux de son porte-monnaie. Et le président de répondre : "Oui, c'est mon objectif. Si un impôt n'est pas bon pour 80% des Français, il ne l'est pas pour 100%", a-t-il justifié. On notera la litote, arme favorite d’Emmanuel, souvent utilisée dans ce monument médiatique que le monde entier nous envie.
Puis, l’enjôleur, ange aux leurres (selon les insoumis) fut Interrogé sur la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes départementales ! Quatre vins revinrent en mémoire de l’homme, mais il fallait tourner cépage, il n’était pas là pour parler d’œnologie mais de nœuds au logis « France ». Face à cette mesure impopulaire, il promit d’établir "une expérimentation à taille réelle" à partir du 1er juillet, et "pendant deux ans". "Si ça n'a pas d'efficacité, si ça ne marche pas, on ne continuera pas", a-t-il assuré. En réalité, ça risque de ne pas marcher car, même à 80km/h on reste dans le domaine de la course.
Enfin, sur le mouvement des étudiants contre la réforme de l'accès à l'université et le blocage des facs, le président estima que "dans beaucoup d'universités occupées, ce ne sont pas des étudiants mais des agitateurs professionnels, des professionnels du désordre". Et de prévenir : "Les étudiants doivent comprendre une chose : s'ils veulent avoir leurs examens en fin d'années, ils doivent réviser. Car il n'y aura pas d'examens en chocolat dans cette République."
Une allusion aux productions de petites gâteries de Mr Trogneux, chocolatier amiénois, cher au cœur d’Emmanuel qui en a épousé la fille. Trogneux est aussi une fabrique de macarons, gâteaux qualifiés de « tout simplement délicieux »par un certain…Jean-Pierre Pernaut, Amiénois invétéré et accessoirement interviewer jupitérien.
De Macron à Macaron il n’y aura qu’un A. Ah, ah !!
Il manque à ce billet le petit mot « carabistouilles » que Jupiter employa dans la phrase qui alléguait que les dotations de l’Etat aux collectivités n’avaient pas baissé.
- Il ne faut pas raconter de carabistouilles aux Français, a lancé le chef de l’Etat. Encore un mot à rajouter dans le lexique après les fameux « perlimpinpin » et « galimatias ».
On attend le suivant avec fébrilité…