Légèrement imbibé je prends appui de mes deux mains pour m'asseoir sur le muret qui sépare les deux balcons. A une centaine de mètres de là, une fenêtre s'éteint. La nuit s'annonce courte au contraire des différentes attentes.
L'on passe notre vie à attendre. A l'époque, lorsque je lui avais dit, elle m'avait souri avant de répondre "C'est triste, mais c'est vrai.". Le serveur venait de nous apporter deux cocktails et j'avais fait quelques heures auparavant le plein de cigarettes, que je fumais sans trop d'empressement.
Allongé sur n'importe quel lit, j'attends qu'il se passe quelque chose. N'importe quoi, mais du concret. J'attends l'explosion, la plus improbable soit-elle. J'attends que cela bouge, pensant naïvement avoir fourni assez d'efforts pour que cela soit le cas. Je passe mes nuits à écouter des albums des Doors et en fumant clopes sur clopes. J'attends l'aube ou le sommeil. En soi, c'est du pareil au même. Je préférerai mourir d'indifférence plutôt que de n'être qu'un objet. Le café adoucit ma gorge qui gratte sous l'effet d'un tabac bien trop sec. Comme lorsque l'on vous apprend le programme du jour ou de la soirée sans vous demander votre avis. Des feuilles sont éparpillés dans mon crâne. Des ordonnances ou des lettres de cachet. La cendre de ma cigarette tombe sur le clavier alors que je songe à aller chercher le plaisir là où il se trouve. Faute de mieux, mes doigts qui martèlent les touches semblent être présentement la seule solution. Allongé sur un lit, vous pourrez vous endormir dans l'attente que cela n'y changerait rien.
En soi, l'aube est pareille à la mort. J'attends l'aube ou le sommeil. Qu'importe.
The Doors "Waiting For The Sun"
"Waiting for you to - come along
Waiting for you to - hear my song
Waiting for you to - come along
Waiting for you to - tell me what went wrong
This is the strangest life Ive ever known."