J’avais beaucoup entendu parler de ce roman qui a été encensé lors de la dernière rentrée littéraire. A priori peu tentée par le thème, j’ai fini par me laisser convaincre au fil des chroniques optimistes que j’ai pu lire sur les différents blogs littéraires que je suis. Finalement, grand bien m’en a pris et c’est désormais à mon tour de vous le conseiller…
Le livre : « La salle de bal »
Crédit photo : Samsha Tavernier
L’auteure : Anna Hope est une actrice et écrivaine anglaise. Elle est apparue dans plusieurs séries télévisée notamment « Doctor Who », « Coronation Street », « Meurtres en sommeil ». Son premier roman « Le chagrin des vivants » a connu un grand succès de la part de la critique. « La salle de bal » est son second livre. Pour la suivre, c’est ici!
Le résumé : « Lors de l’hiver 1911, l’asile d’aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait depuis l’enfance. Si elle espère d’abord être rapidement libérée, elle finit par s’habituer à la routine de l’institution. Hommes et femmes travaillent et vivent chacun de leur côté : les hommes cultivent la terre tandis que les femmes accomplissent leurs tâches à l’intérieur. Ils sont néanmoins réunis chaque vendredi dans une somptueuse salle de bal. Ella y retrouvera John, un «mélancolique irlandais». Tous deux danseront, toujours plus fébriles et plus épris. À la tête de l’orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d’esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades. Projets qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Ella et John. »
Mon avis : Le sujet abordé par ce roman est assez difficile puisqu’il s’agit des conditions de détention dans les asiles au début du XXème siècle. On se rend rapidement compte que tout un chacun s’y retournait enfermé sous n’importe quel prétexte : une femme trop indépendante, un ouvrier dissident, un(e) homosexuel(le). Une fois à l’intérieur, dur de quitter ce lieu d’enfermement au sein duquel femmes et hommes subissent un traitement différent, mais sont, en tout état de cause, considérés comme des moins que rien.
Au coeur de l’asile de Sharton, on suit le destin tragique de quatre personnages : Ella une jeune femme un peu sauvage qui se rebelle contre son employeur-exploiteur, John un irlandais dans la force de l’âge et marqué par les fantômes de son passé, Emily une fille de bonne famille passionnée de littérature et souhaitant à tout prix échapper au mari abusif que sa famille a choisi pour elle, et Charles le médecin en charge des patients, féru de musique et partisan de l’eugénisme Darwinien.
C’est d’ailleurs ce dernier personnage qui est le plus complexe. Dans la première partie du livre, il semble plein de bonnes intentions malgré des idées assez rétrogrades. Cependant, au fil des pages, on va assister aux luttes intérieures de ce personnage jusqu’à la catharsis.
Au centre de l’intrigue se trouve la fameuse salle de bal, point de croisement de tous ces personnages. C’est dans cette salle majestueuse, sur des airs de Schuman et Chopin, que tous se lancent dans une valse chaotique mais chargée d’espoir.
J’ai été tour à tour émue, angoissée et choquée. Le livre est très bien documenté et, en partie inspiré de l’histoire de l’arrière grand-père de l’auteure. J’ai, par exemple, appris que Churchill était en faveur de la stérilisation des personnes dites « faibles d’esprit » et souhaitait, du moins à un moment de sa carrière politique, encourager l’eugénisme au détriment des plus miséreux.
En toile de fond, une histoire d’amour impossible et pure, pleine de lumière malgré les ombres projetées par les Hommes.
Sous la plume d’Anna Hope, beaucoup de douceur et de poésie avec des métaphores filées et une place très importante faite à la nature et la beauté qui existe dans ce monde malgré la destruction infligée par la main de l’Homme.
En bref : Un livre choc et émouvant plein de poésie. A lire!
Connaissez-vous ce livre? Etes-vous tentés?