(Poètes) Dagmara Kraus, par Jean-René Lassalle
Par Florence Trocmé
Dagmara Kraus est une poète allemande née à Wroclaw (Pologne) en 1981 et qui habite entre Berlin et Carpentras. Après des études à l’Institut de Littérature de Leipzig elle traduit des poètes polonais (Edward Stachura) ou français (Frédéric Forte) en allemand. Elle écrit elle-même une poésie plutôt lyrique pleine d’expérimentations qui ne semblent pas provenir d’une théorisation avant-gardiste mais d’une hypersensibilité au langage et d’une joie de la manipulation linguistique. Elle rénove des formes archaïques délaissées comme le virelai (tercets à refrains), l’épithalame (chant de mariage), l’antilabe (découpage rythmique des vers dans un dialogue de théâtre où deux locuteurs complètent une phrase en se répondant), la fatrasie (poème satirique à paradoxes surréalisants du Moyen-Âge popularisé à Arras). Dans son livre kleine grammaturgie, Dagmara Kraus écrit (et s’autotraduit) en reprenant plusieurs « langues construites » existantes, langues artificielles humaines qui comme l’espéranto désirent favoriser la communication internationale en simplifiant la grammaire et empruntant des morphologies à plusieurs idiomes du monde. Celle qu’elle a le plus utilisée, dont est traduit un extrait ici, est le bolak ou « langue bleue », inventée (oubliée depuis) par le commerçant parisien Léon Bollack en 1899 et qui devait être écrite dans une typographie de couleur bleue - ce que respecte l’éditeur Urs Engeler pour le livre de Dagmara Kraus. En 2017 elle a reçu le prix littéraire de Erlangen qui récompense un travail de traduction considéré comme poésie.
Bibliographie sélective :
kummerang, kook 2012
kleine grammaturgie, roughbooks 2013
das vogelmot, kook 2015
wehbuch, roughbooks 2016
Traduction en français :
Dans la revue Place de la Sorbonne n° 7 (2017), traduit par Aurélie Maurin et Christophe Manon
Sitographie :
Ecouter Dagmara Kraus lire en allemand « fourmielle » (die sie-ameise) traduit ici
Vidéo d’une conférence sur les langues du monde et les langages artificiels : Dagmara Kraus y donne lecture de ses poèmes dans les 15 premières minutes en commençant par « antilabe » en langue bleue
Jean-René Lassalle