Parce qu'il a participé à une manifestation pacifique, le 25 mars 1965, le jeune étudiant en philosophie qu'est Tahar Ben Jelloun est envoyé en un camp de redressement organisé par les sbires du Général Oufkir. La descente aux enfers est dantesque, les conditions de détention relèvent de celles des récents camps de concentration.
Réduit à son matricule 10.366, soumis à des séances d'humiliations, de punitions collectives, travaux forcés et l'ingestion de nourriture avarié, le jeune homme trouve dans la poésie rimbaldienne quelques forces de survie ainsi que dans la lecture décontenancée d'Ulysse de James Joyce.
De dix-neuf mois arrachés à ses vingt ans et à son entourage familial , l'écrivain ne peut parler que maintenant: il a attendu quelque cinquante années pour mettre des mots sur l'absurde "punition" subie. Elle lui vaut chronique insomnie.
Un témoignage sobre, dense, édifiant.
La punition, Tahar Ben Jelloun, récit, Ed. Gallimard, février 2018, 160 pp