Aujourd'hui on se retrouve pour un article MINI-CHRONIQUES qui vous parle de mes lectures junior/ jeunesse de ce mois de mars 2018 (fin mars). Certains titres se démarquent notamment Mentir aux étoiles que j'ai trouvé très beau et poétique, aussi très émouvant. J'ai beaucoup aimé Jefferson mais je n'étais pas trop dans l'histoire de cette fable animalière même si l'ensemble m'a fait passer un bon moment. Grosse surprise pour Papa de papier que j'ai beaucoup aimé. Nadia Coste signe un texte à la fois juste et fantastique sur la montée de la maltraitance et ses mécanismes. Une caravane en hiver était une grosse attente et je n'ai pas tardé pour le lire. J'en ressors plutôt conquise.
Que pensez-vous de ces livres ?Les avez-vous lus ?Certains vous tentent-ils ?
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Une caravane en hiver
Benoît Séverac
Syros Jeunesse
Mars 2018/ 251 pages/ 16, 95 euros
Quatrième de couverture : Arthur est en voiture lorsqu'il assiste à l'agression d'un garçon de son âge, à un feu rouge. Poussé par son instinct, il va à sa rencontre. Ce garçon, c'est Adnan, un réfugié syrien. Il vit dans une caravane au milieu d'un terrain vague avec sa mère, qui lui a appris à garder la tête haute en toute situation. Entre Arthur et Adnan va naître une amitié qui résistera à l'incompréhension des adultes. Une amitié qui poussera les parents d'Arthur à aider, eux aussi, Adnan et sa mère. Une amitié qui va tous les faire basculer dans une aventure digne d'un roman d'espionnage...
Une caravane en hiver adopte une approche originale dans le registre d'un thriller pertinent pour aborder la question des réfugiés politiques syriens. Ce n'est pas commun et c'est plutôt bien amené. Le personnage d'Arthur nous offre une belle leçon d’altruisme, de tolérance et d’humanité que j’ai beaucoup aimé. Façon roman d’espionnage haletant avec une enquête "aventure" pour découvrir le réseau de criminalité sur Paris et qui se cache derrière les réfugiés comment ils sont menacés même à l’extérieur de leur pays. Avec une écriture vive et alerte, on va rencontrer les parents d'Arthur qui s'inquiètent du changement d'attitude de leur fils et engage un détective privé pour voir s'il s'agit d'une histoire de racket au lycée. J’ai beaucoup aimé le fait que ce soit Arthur le héros masculin qui donne l'impulsion mature au choix d'aider une famille de réfugiés. J'ai aimé son point de vue sur Adnan, la manière dont il se sert de son argent et de son éducation pour venir en aide à Adnan. Un roman pertinent et convaincant qui n’aborde pas l’angle de l’exil et de l’immigration d’un point de vue larmoyant et frontal mais d’une manière vraiment captivante avec plus d'impact.
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Papa de papier
Nadia Coste
Syros Jeunesse
Janvier 2018/ 130 pages/ 6,95 euros
Quatrième de couverture : Aujourd'hui, Ayrton a obtenu un 18 pour son dessin de chat au fusain. "Tu as un don !" a écrit le professeur. Maintenant il faut rentrer à la maison... Son père ne sort plus de chez eux et s'en prend de plus en plus souvent à sa mère et à lui, avec des mots très durs et injustes. Alors quand Ayrton trouve sur son balcon un chat exactement identique à celui de son dessin, il commence à croire en son pouvoir et décide de l'utiliser pour créer un papa de papier...
Papa de papier est un très beau récit et c'est une chouette surprise. Il s'agit d'un récit sur une situation familiale difficile et la montée en puissance de la maltraitance, comment elle devient quotidienne, verbale puis physique. Il s'agit donc d'un texte engagé et que je trouve nécessaire et utile. Grâce à son don pour les arts plastiques, Ayrton va exercer son pouvoir d’imagination à travers le dessin qui prend vie... Ayrton rêve de dessiner et pourquoi pas d'en faire son métier. Son père au chômage vit très mal cette situation et met en avant les échecs scolaires de son fils plutôt que ses lacunes personnelles : alcoolisme, injustice, mots très durs... Alors quand Ayrton s'aperçoit que ses dessins prennent vie d’abord un chat au pelage gris rayé... il décide de créer un personnage de fiction, un papa de papier pour arrêter son père et résoudre les conflits familiaux. Voilà une approche poétique, sensible et intelligente sur la violence familiale et conjugale. Une histoire simple mais forte émotionnellement qui a su me convaincre.
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Jefferson
Jean-Claude Mourlevat
Gallimard Jeunesse
Mars 2018/ 218 pages/ 13,50
Quatrième de couverture : Dans un polar haletant, parfois féroce, mais où dominent la tendresse, l'amitié et le bonheur de vivre, Jean-Claude Mourlevat aborde de façon inédite la question de notre rapport aux animaux.
Jefferson c'est le plaisir de lire et de découvrir un roman animalier et cela faisait longtemps que je n'ai pas lu de fable animalière. L'originalité avec Jefferson c'est l'engagement et le message qu'il y a derrière, sur le thème de la maltraitance animale. Un jeune hérisson est accusé du meurtre de son coiffeur chez lequel il se rendait pour se rafraîchir la houpette. Mais arrivé au salon de coiffure, Jefferson le trouve raide mort. Accusé du meurtre de ce dernier, Jefferson devient un fugitif. Une aventure et une enquête qui vont le mener au coeur de notre monde humain mais surtout de nos défauts et de notre quotidien. Une fable animalière actuelle et engagée, à la fois drôle, attendrissante et amusante même si les propos sont graves. Les droits des animaux... l’abattoir... manière originale et novatrice d’aborder la question aux jeunes enfants. On y retrouve la légèreté et l’insouciance ; l’imaginaire et la fantaisie d’un Vent dans les saules mais avec une teneur profonde. C’est aussi divertissant de voir que chaque personnage animal a une caractéristique psychologique humaine : les écureuils timides, Simone la lapine dépressive, les blaireaux cultivés. Pour vous convaincre voici une explication de l'auteur qui m'a interpellé : «On abat chaque jour dans notre beau pays de France environ 1,7 million d’animaux terrestres pour les consommer. Oui, je dis bien : chaque jour. C’est institutionnalisé, organisé, et ça se passe derrière des murs bien gardés. Cet holocauste quotidien me révulse..." polar tendre et plein d’humour, à la fois conte humaniste et philosophique qui divertira petits et grands et sensibilisera à la cause animale.
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Mentir aux étoiles
Alexandre Chardin
Casterman Jeunesse
Mars 2018/ 192 pages/ 11,90 euros
Quatrième de couverture : Quand je serai adulte, j'irai en expédition sur la banquise. Il n'y aura que le silence autour de moi. Personne ! La nuit, j'aurai juste à lever les bras pour toucher les étoiles. Mais je ne le ferai pas. J'écouterai. Je ne ferai qu'écouter les étoiles, et je n'aurai plus peur de rien.
Comment s’en sortir au collège quand on est différent... et comment faire pour s’affirmer, pour s’exprimer et trouver sa voie face à une mère hyper anxieuse ? Léon est un garçon un peu étrange qui a du mal à canaliser son énergie. Il est rêveur et dit ce qui lui passe par la tête sans réfléchir de savoir s'il est en public ou non. Il se soucie beaucoup des animaux, a peur de tout et aimerait avoir des amis. Alors qu’il est embêté et harcelé à l’école, il rencontre Salomé... une ado au look gothique ; au vocabulaire rock et au langage particulièrement cru. Avec elle, Léon va prendre de l’assurance et oser se défendre face aux attaques des grands. J'ai particulièrement aimé son papa qui a toujours le bon conseil, la parole sage et intelligente qui fait mouche alors que sa maman est toujours dans l'interdit et la démesure. D'ailleurs j'ai lu un article de psychologie sur le thème du harcèlement qui expliquait que lorsqu'un enfant était harcelé, il ne fallait pas que ses parents s'en mêlent sinon il serait pris pour un faible. Cela m'a choqué de prime abord mais en y réfléchissant, le papa de Léon lui conseille de trouver sa solution à lui. Un roman sur l’apprentissage de soi, sur le harcèlement scolaire, sur l’émancipation et la volonté de s’affirmer. Mentir aux étoiles est un roman émouvant et réussi qui met en place les mécanismes et l'engrenage du harcèlement scolaire. Mais Léon a une manière bien particulière d'y faire face. Un texte tantôt doux tantôt dur, poétique et mélancolique, drôle et percutant. Mais surtout très touchant...