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Exposition : Dia Al-Azzawi : “Sabra et Chatila”

Publié le 10 avril 2018 par Framboise32

Une œuvre magistrale de l’artiste irakien Dia Al-Azzawi est à découvrir à l’entrée du musée de l’IMA : l’ensemble des planches de Nous ne voyons que des cadavres. Massacres de Sabra et Chatila (1983), ainsi que 16 sérigraphies du portfolio Hymne du corps. Poèmes dessinés pour Tell El-Zaatar (1979).

 « Avec “Guernica”, Picasso a créé un tournant dans mon art et dans toute l’histoire de l’art, il a réussi à inventer des symboles simples et expressifs, historiques et universels, un style conforme à nos valeurs humaines et morales de refus de tout usage de la violence contre les civils, qu’aucune idéologie ou régime politique ne peuvent justifier. » Dia Al-Azzawi, 21 janvier 2018. Traduit de l’arabe par Claude Lemand

Le massacre des civils palestiniens des camps de Sabra et Chatila, perpétré en septembre 1982, pendant la guerre du Liban, bouleverse profondément Dia Al-Azzawi. Dans son atelier de Londres, il réalise son polyptyque Sabra and Shatila Massacres, s’inspirant, selon son habitude, de photos publiées dans les journaux et d’images vues à la télévision.

Quelques mois plus tard, en janvier 1983, la lecture de Quatre heures à Chatila, récit écrit sur place par Jean Genet, qui venait d’arriver à Beyrouth avec Leïla Shahid et avait visité les camps palestiniens dès le lendemain des massacres, sera la source de neuf estampes originales publiées par l’artiste irakien dans un portfolio : We are not seen but Corpses. The Sabra and Shatila Massacres – Lâ nara illa juthathan – Nous ne voyons que des cadavres(Londres, 1983).

Engagé depuis sa jeunesse aux côtés du peuple palestinien, Dia Al-Azzawi avait réalisé en 1976 une quarantaine de dessins sur le siège et la chute du camp de Tall al-Zaatar, situé sur une colline qui domine Beyrouth. En janvier 1979, il publie un portfolio de 16 sérigraphies Hymne du Corps. Poèmes dessinés pour Tall al-Zaatar – The Body’s Anthem – Al-Nashid Al-Jasadi, qu’il expose à Rabat puis en décembre à Bagdad. Ce sont les 25 gravures de ces deux portfolios qui sont aujourd’hui exposées à l’IMA.

Des mondes visuels autonomes

Né en 1939 à Bagdad, Dia Al-Azzawi obtient ses diplômes supérieurs en archéologie et en art à l’Université puis à l’institut des Beaux-Arts de Bagdad. Il s’établit à Londres en 1976. Passionné par les arts graphiques et l’édition, il a réalisé une multitude d’estampes originales, de portfolios et de livres d’artiste et joué un rôle majeur dans la création et la diffusion des arts graphiques arabes modernes en Europe et dans le monde arabe. Son œuvre a constamment construit des mondes visuels autonomes et parallèles à ceux des poètes, avec une égale maîtrise des techniques occidentales anciennes et récentes : gravure, lithographie, sérigraphie et numérique.

L’œuvre de ce peintre, sculpteur, artiste du livre et promoteur de la jeune création irakienne a été montrée dans de nombreuses expositions personnelles et est présente dans des collections publiques et privées à travers le monde. L’Institut du Monde arabe lui a organisé une rétrospective en 2001 et les Musées du Qatar, une double rétrospective en 2016-2017.

Institut du Monde Arabe – 11 avril 2018 – 23 septembre 2018


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