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Secret Défense : Nouvelle imposture ? - Colères - Spectre du Califat

Publié le 06 juillet 2008 par R-Sistons

Les événements de Carcassonne,
"Secret Defense" :


Un E-3F suivie de cinq Mirage 2000 lors du défilé militaire du 14 juillet 2006
Un E-3F suivie de cinq Mirage 2000 lors du défilé militaire du 14 juillet 2006 - Wikipedia.org

Secret Defense !

Une nouvelle imposture ?
Colères...
Mes amis,
 
Voici ce que j'ai publié, il y a deux jours, sur mon blog, et ce que j'ai ajouté aujourd'hui, ainsi que les réflexions que les récents événements m'inspirent.

Les événements de Carcassonne :
Une grande manipulation ? Armée en colère !


Il paraît que normalement, quand il y a portes ouvertes au public, aucun militaire n'est porteur de munitions réelles. Les armes portées sont vides !

Lorsqu’il y a  démonstration de tirs à balles réelles, les munitions, paraît-il, sont amenées sur le champ de tir dans des caissons.

On peut se demander comment il se fait que ce sous-officier ait porté sur lui des chargeurs « non balles à blanc » ?

(Reçu ce 6.7.8 cette info :) L’arme était dépourvue de ce fameux BTB. Son absence ne peut pas passer inaperçue ; c’est impossible ! Qui plus est, ce sont les armuriers qui préparent les armes. Si ces derniers avaient équipé ce fusil d’un BTB et de munitions à blanc, il a fallu que le militaire l’enlève et remplace les munitions à blanc par des réelles. Donc en conclusion, il y a anguille sous roche, car autant d’erreurs de la part d’un « pro » me laisse dubitatif. Même un bleu pendant ses classes n’aurait pas commis ces erreurs aussi nombreuses
En tous cas, cet accident arrive à point nommé, en pleine période du Livre blanc de la Défense. Les mauvaises langues diront que l'événement a permis de détourner l'attention du mécontentement de l' Armée, avec les réformes de Sarkozy !
Et
entendu sur France Info ce 6.7.8 : "Il peut s'agir d'un acte de sabotage dans un contexte de réforme des armées".


Une fois de plus, on est peut-être en train de monter une mise en scène, comme un certain 11 septembre. Cette fois contre l'Armée, pour la discréditer. Et pour bouleverser un domaine aussi sensible, le réformer, en détournant l'attention. Il vaut mieux distraire les Français avec un fait divers, que de leur faire part de la colère de l'Armée. D'autant plus qu'elle s'ajoute à tant d'autres...
Sarkozy préfère la Police à l'Armée, c'est un fait avéré, reconnu, et... significatif - car il met en place une société policière. En même temps, il est en train de susciter la colère de l'Armée. Ses réformes, son Livre Blanc sur la Défense, son mépris, ses valeurs, sa politique, son style bling-bling, son alignement inconditionnel sur Washington, ont tout pour déplaire à la Grande Muette. Qui ne le restera pas longtemps. Déjà, sur certains blogs de militaires, la colère monte...
Ceux qui travaillent pour l' Armée ont le sens du sacrifice collectif, le sens de l'honneur. Sarkozy n'a pas de patrie. Il travaille pour le Grand capital International. Et pour lui.
Ainsi,  il se met à dos la Justice, la Santé, l' Education Nationale, les fonctionnaires, les défenseurs des Droits de l'homme, et même les chaînes publiques...  et maintenant, l' Armée...  Le ras-le-bol est partout ! 
Sarkozy a un tel mépris pour tous, et pour tout, qu'il n'a pas hésité à dire que lorsqu'il y a des grèves, "plus personne ne s'en aperçoit". Une manière comme une autre de nier les souffrances des classes populaires, leurs revendications, leurs cris.
 
Et d'ailleurs, à l'Assemblée Nationale on est en train de casser toutes les protections en matière de Droit du travail. Dans un silence assourdissant. La libération d'Ingrid est arrivée au bon moment. Chaque fois que Sarkozy s'en prend au modèle social français, ou lorsqu'il porte atteinte à la traditionnelle indépendance de la diplomatie de notre pays, ou encore quand la contestation monte, un événement, parfaitement médiatisé, détourne l'attention : Hier, l'annonce du mariage avec Carla, aujourd'hui l'hystérie autour d' Ingrid Betancourt. Ingrid, accaparant fort opportunément les écrans, gratifiant au passage Sarkozy d'un "il est extraordinaire", promise à la légion d'honneur (pourquoi ?) et bientôt, peut-être, au prix Nobel (pourquoi ?). Le ridicule ne tue pas.
Dans notre monde, il vaut mieux être fille d'ambassadeurs, issue de la haute bourgeoisie, que fils d'enseignante,  de surcroît Franco-Palestinien ( Salah, honteusement oublié dans les geôles israéliennes -ou encore Michaël Blanc, à Bali)

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Salah http://www.france-palestine.org/article8302.html

La promotion d'Uribe, le docile valet du Grand Désordre international, continue, à pleine dose, tandis que les narco-trafiquants du FARC sont montrés du doigt. Il vaut mieux être copain de Bush, pour un narco-trafiquant, que d'être marxiste.
Les Médias font et défont les réputations, toujours dans le même sens ! Et ce n'est pas Ménard, chargé de veiller à l'indépendance de la presse, qui protestera. Au contraire ! Ses indignations sont à géométrie variable.
Ainsi va le monde. Sarkozy martèle qu'il va poursuivre, et même accentuer sa politique, car dit-il, les Français voulaient des réformes. "Modernes", bien sûr ! Et tant pis si partout il est contesté, l'essentiel c'est qu'on ne voie pas les manifestants, ou qu'on n'en parle pas... Il continuera, contre vents et marées.

Nous sommes en été. Pas d'avis de tempête ? Pour l'instant ! Dans les coulisses, elle se prépare. Et c'est tant mieux. Les tempêtes sont parfois salubres...
Car on ne se moque pas indéfiniment des peuples... Et surtout pas de l'Armée ! Sarkozy a commis une nouvelle faute.
Celle-ci risque de lui coûter cher...
Votre Eva

TAGS : Armée - Parlement - Réformes - Grèves - Modernité - Uribe - Sarkozy - Bush - Ingrid Betancourt - Carla - Salah - Michael Blanc -Ménard - FARC - Médias - narco-trafiquants - Grande muette - fonctionnaires - Education Nationale -
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>" /> En annonçant en début de semaine, de Londres, son intention de renforcer le contingent de militaires français en Afghanistan, Nicolas Sarkozy a déclenché des réactions en chaîne. Politiquement tancé par des responsables de l'opposition, hostiles à l'envoi de troupes à trois jours du débat parlementaire sur la question, le chef de l'Etat voit également sa stratégie être remise en question.

http://www.lejdd.fr/cmc/politique/200813/polemique-sur-les-renforts-francais-en-afghanistan_106834.html

Ma Photo
 06/07/2008

Surcouf: désaccord entre Hervé Morin et le chef d'état-major des armées sur "la chasse aux sorcières"

Faut-il rechercher puis sanctionner les officiers qui ont critiqué le Livre blanc sur la défense, en se cachant sous le pseudonyme de Surcouf ?

Manifestement, il y a un net désaccord entre le ministre de la Défense Hervé Morin et le chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin. Lisez plutôt. Jeudi, le ministre donne une longue interview à l'hebdomadaire Valeurs actuelles. Voici ces propos.

"Avez-vous lancé une enquête pour identifier “Surcouf” (...) ?

Si les auteurs de cette tribune sont connus, ils devront assumer la violation du devoir de réserve imposé par la loi et le statut militaire. De même, lorsqu’il y a des fuites, sachez que je demande systématiquement des enquêtes à la direction pour la protection et la sécurité de la défense (DPSD). Je l’ai dit aux chefs d’état-major au début de la réforme : si on identifie tel ou tel à l’origine des fuites, il quittera ce ministère dans la seconde, qu’il ait des galons ou des étoiles. Je leur ai dit de transmettre ce message à tous leurs subordonnés.

Les critiques ne sont donc plus autorisées !

Je suis chargé de faire respecter le statut militaire et les critiques publiées sont infondées."

Et voici ce qu'a déclaré, vendredi matin  (donc après avoir lu l'interview du ministre), le général Georgelin au micro de Europe 1

"Ce que je peux vous dire, c'est que je ne veux pas de chasse aux sorcières dans les armées et j'ai fait en sorte que ce type d'enquête cesse. Je ne veux pas de chasse aux sorcières dans les armées, je connais trop l'histoire de l'institution militaire pour savoir les dégâts qu'ont causés des actions similaires dans le passé"

Jean-Pierre Elkabbach : "Quand l'enquête donnera les noms ou les retrouvera, est-ce qu'ils seront exclus de l'armée ?

Général Georgelin: "Nous verrons. Bien sûr que non."

Lire la suite "Surcouf: désaccord entre Hervé Morin et le chef d'état-major des armées sur "la chasse aux sorcières"" »

http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/07/surcouf-dsaccor.html



Ranimé par de petits groupes islamistes

Le spectre du califat
hante les Etats-Unis

A plusieurs reprises, dans ses discours sur la « guerre mondiale contre le terrorisme », le président George W. Bush a brandi la menace de la reconstitution d’un grand « califat » musulman et totalitaire s’étendant de l’Europe à l’Asie. Cette idée a été reprise par le président Nicolas Sarkozy. Pourtant, seuls quelques petits groupes islamistes, comme le Hizb ut-Tahrir, fondé en 1952 par un cheikh palestinien, reprennent cet objectif du califat en s’appuyant sur la nostalgie d’un passé glorieux.

Par Jean-Pierre Filiu

Quelque dix mille Palestiniens ont manifesté, le 11 août 2007, à Ramallah pour réclamer le rétablissement du califat. Cette démonstration de force était l’œuvre du Parti de la libération islamique (PLI), souvent désigné sous sa dénomination arabe de Hizb ut-Tahrir. Il profitait de la désaffection militante à l’égard des frères ennemis du Hamas et du Fatah pour affirmer avec vigueur dans la rue son refus de la compétition électorale. Le 27 novembre 2007, le PLI a pris l’initiative, cette fois à Hébron, du premier défilé de protestation contre la conférence d’Annapolis, censée relancer le processus de paix israélo-palestinien, sous l’égide des Etats-Unis. Le Hamas s’est rallié à la marche contestataire, dont la répression par le Fatah s’est soldée par la mort d’un manifestant.

Le PLI n’a cessé depuis d’étendre ses réseaux en Cisjordanie, jusque sur les campus universitaires où son Bloc de la conscience islamique incite les étudiants à abandonner toute aspiration nationaliste pour se concentrer sur la seule restauration du califat (1). Même les observateurs les moins indulgents, qui évaluent entre deux cents et trois cents le nombre de membres palestiniens de ce parti, soulignent le sérieux et la solidité de ces militants.

Pour le PLI, fondé en 1952 par un cheikh palestinien, Takieddine Nabahani, c’est en tout cas un formidable retour aux sources. Juge islamique (cadi) à Haïfa durant le mandat britannique (1922-1948), Nabahani étudie à l’université égyptienne d’Al-Azhar, où il rejoint les Frères musulmans. Membre actif de la confrérie à Naplouse, puis à Jérusalem, il entre en dissidence en 1950 pour publier Sauver la Palestine. Tirant les leçons de la fondation de l’Etat d’Israël, mais aussi de l’annexion de la Cisjordanie par la Jordanie, il affirme que le nationalisme est le pire obstacle sur la voie de la reconquête de la Palestine.

Les puissances coloniales ont, selon lui, manipulé la contestation arabe du califat ottoman, aboli par Mustapha Kemal Atatürk en 1924. Nabahani prône au contraire l’avènement d’un Etat islamique fédéral, sous la conduite d’un calife arabe, comme ce fut le cas de la mort du prophète Muhammad, en 632, jusqu’à la chute de la Bagdad abbasside, tombée aux mains des Mongols en 1258. L’instrument de cette renaissance globale, qui fait paraître bien timorés les projets politiques des Frères musulmans, est une avant-garde élitiste et transnationale, le PLI.

Une base arrière à Londres

Nabahani échoue en 1952 à obtenir la légalisation de son parti en Jordanie, où les Frères musulmans ont pourtant pignon sur rue, et le PLI y est enregistré comme une simple association. Exilé en Syrie entre 1953 et 1959, Nabahani laisse néanmoins son parti participer aux législatives jordaniennes. Mais une nouvelle expulsion, cette fois de Damas vers Beyrouth, l’amène à dénoncer le principe même des élections, pour se concentrer sur la structuration clandestine du PLI. Les membres de la cellule de base, la halqa (littéralement le « cercle »), ne connaissent rien de l’échelon supérieur de l’organisation. Sa situation illégale comme ses appels répétés à l’instauration du califat mobilisent contre lui tous les services de renseignement du Proche-Orient, ce qui entraîne sa quasi-disparition de la région dans les années 1970. Après deux décennies d’hibernation politique, le Hizb ut-Tahrir resurgit avec une surprenante vigueur à la périphérie de l’islam, en Asie centrale d’une part, dans les communautés musulmanes émigrées en Europe d’autre part.

La décomposition de l’Union soviétique voit en effet le PLI s’implanter activement au Tadjikistan, où il reste neutre lors de la guerre civile de 1992-1995 entre islamistes et ex-communistes — positionnement qui annonce sa contestation parallèle du Hamas et du Fatah en Palestine, quinze ans plus tard. Le Hizb ut-Tahrir développe son recrutement à la faveur du processus de paix au Tadjikistan, qui lui permet à la fois de dénoncer les compromissions du mouvement islamiste avec un pouvoir « impie » et de contester les frontières héritées de l’URSS (2).

En Ouzbékistan, le PLI devient la bête noire de la police politique, qui agite l’épouvantail d’une subversion régionale pour s’assurer de la compréhension des puissances occidentales. L’existence d’un réseau centre-asiatique du Hizb ut-Tahrir ne semble cependant pas faire de doute. Plus à l’est, c’est en Indonésie que le PLI jouit du plus fort ancrage ; il y rassemble notamment, au nom du califat, plusieurs dizaines de milliers de manifestants dans un stade de Djakarta, en août 2007. Dans le reste du monde musulman, le Hizb ut-Tahrir n’est qu’une constellation de groupuscules, à l’importance certes accrue par le rattachement à une organisation mondiale.

En Europe, le Royaume-Uni est à l’évidence la principale base du PLI ; il y mène légalement un intense travail de propagande (3). Il y a publié par exemple deux revues trimestrielles : l’une à vocation culturelle, New Civilisation ; l’autre pour l’édification des familles, Salam. Le parti récupère dans l’immigration un courant indo-pakistanais historiquement favorable au califat (4) (par une curieuse ironie de l’histoire, c’est depuis l’ancienne métropole coloniale que les membres d’origine bangladaise du PLI réintroduisent cette tradition militante dans le Bangladesh moderne).

Le PLI a pu aligner ses militantes en voile intégral devant l’ambassade de France à Londres, pour fustiger la loi de mars 2004 sur les signes religieux à l’école publique. Il combat avec virulence la « dissolution » de l’islam dans les valeurs occidentales, affirmant ainsi : « En France, ils veulent changer ce que les musulmans ont sur la tête ; ici, ils veulent changer ce que les musulmans ont dans la tête (5).  » Cette position très tranchée entraîne, au sein du multiculturalisme anglo-saxon, la radicalisation d’une certaine vision communautaire, qui s’exprime à l’occasion par : « Notre fraternité est réelle, et leur citoyenneté est fausse (6).  »

Le PLI a longtemps été associé, au Royaume-Uni, à la figure sulfureuse du djihadiste syrien Omar Bakri, qui a pourtant rompu avec l’organisation dès 1996. Malgré sa condamnation publique du terrorisme d’Al-Qaida, le PLI a été pris à partie par les médias londoniens après les attentats de juillet 2005, mais la sécurité britannique n’a pas réuni suffisamment d’éléments pour qu’il soit interdit. Le Dr Abdul Wahid, président du comité exécutif du Hizb ut-Tahrir dans ce pays, est devenu un spécialiste du droit de réponse pour mieux dénoncer les amalgames de la presse. Mais l’hostilité de principe du PLI à l’encontre des institutions démocratiques et sa négation de tout droit d’Israël à l’existence lui ont causé des déboires judiciaires en Allemagne comme au Danemark. En France et en Espagne, les cellules illégales du Hizb ut-Tahrir font l’objet d’une surveillance rigoureuse.

Le retour de flamme du PLI témoigne de la capacité de cette organisation fondamentalement transnationale à se couler avec bonheur dans la logique de la mondialisation. Elle s’efforce de masquer sa faiblesse numérique en se projetant dans une unité islamique aussi abstraite que fantasmée — comme d’autres réseaux marginaux et/ou extrémistes. Al-Qaida a de même tenté, en octobre 2006, de faire oublier son caractère ultraminoritaire en proclamant un « califat » sur... Internet, et en confiant cette charge virtuelle à un djihadiste de Bagdad.

La manœuvre a fait long feu : elle n’a pas désarmé l’hostilité de la guérilla nationaliste à l’encontre d’Al-Qaida en Irak et n’a suscité aucun ralliement appréciable. En revanche, la revendication du califat sert à merveille, et de façon inquiétante, les promoteurs de la « guerre contre le terrorisme » dans leur volonté de désigner une menace globale et unique. Le président George W. Bush mobilise en effet son opinion contre « ce califat [qui] serait un Empire islamique totalitaire, couvrant les terres actuelles et antérieures de l’islam, s’étendant de l’Europe à l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud-Est (7)  ».

Le califat djihadiste devient opportunément le nouvel empire du Mal, dont la vocation expansionniste découlerait d’une hostilité inextinguible à l’encontre d’un Occident essentialisé. Peu importe à la Maison Blanche qu’aucun califat ne se soit jamais étendu « de l’Europe (...) à l’Asie du Sud-Est ». Le califat omeyyade, qui s’est effondré en 750 et a été à la fois le plus ancien et le plus vaste, a rassemblé, sous une tutelle plutôt lâche, des territoires compris entre les Pyrénées et l’Indus. Mais l’expérience fut éphémère, et le califat ottoman bien moins ambitieux.

Ni élections ni lutte armée

Alors que l’actuel regain de nostalgie pour le califat résulte de processus complexes et contrastés (en Europe, la réislamisation conflictuelle de communautés immigrées ; en Asie, l’affirmation symbolique d’un islam géographiquement et historiquement périphérique), les idéologues de la « guerre des civilisations » font le jeu des minorités agissantes en balayant toute mise en perspective et en exagérant l’ampleur d’un péril planétaire. L’Heritage Foundation décrit dès 2003 le Hizb ut-Tahrir comme « une menace émergente contre les intérêts américains en Asie centrale (8)  » ; et le Nixon Center lui emboîte le pas l’année suivante en consacrant un séminaire (à Ankara) et un rapport à cette « insurrection politique (9)  ». Le PLI compte sans doute quelques dizaines de milliers de membres dans le monde entier ; mais le chiffre d’un million de militants dans quarante pays, émanant des mêmes sources américaines, fait surgir le spectre d’un Komintern islamique moderne.

La propagande en faveur du califat en Palestine doit être analysée en tant que telle. Elle justifie le refus du PLI d’une branche armée comparable à celles du Hamas et du Fatah. Ses affiches rompent, sur les murs de Cisjordanie, avec la litanie des « martyrs » des différentes factions. Le Hizb ut-Tahrir permet de cultiver un puritanisme de combat, sans encourir les foudres d’Israël ou de l’Autorité palestinienne, et sans même courir le risque d’un désaveu électoral, l’organisation prohibant la participation à un quelconque scrutin.

La postérité tardive du cheikh Nabahani traduit ainsi un rejet de la politique concrète et une extraordinaire accumulation de désespoir. Il y a fort à parier que la réouverture de la route vers un Etat effectivement indépendant épuiserait la fonction compensatoire de ce parti de la « libération », et le renverrait au statut de secte qui fut le sien durant deux générations.

Jean-Pierre Filiu.

http://www.monde-diplomatique.fr/2008/05/FILIU/15869

 

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