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Après une semaine de flottement pour sa majorité, marquée par la TVA sociale, le second tour des législatives moins bon que prévu et la défaite/démission d'Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, qui s'était volontairement mis (un peu) en retrait de la scène politique nationale au profit de son Premier ministre, a décidé de reprendre la main. Et pour cela, quoi de mieux qu'une bonne grand-messe télévisuelle sur TF1 ???
Le moins que l'on puisse dire, c'est que depuis son élection, le président de la République est décomplexé, et pas uniquement quand il s'agit de se faire payer des vacances de milliardaire. En un peu moins d'une heure, il a expliqué au bon peuple l'ampleur de son génie : sur le plan international, il aurait sauvé la planète en remettant les Etats-Unis dans le droit chemin de l'écologie et imposé "son mini-traité" à ses 26 partenaires européens, même s'il avoue ne pas savoir quoi mettre dedans au point de recevoir entre autres Jean-Marie Le Pen à l'Elysée pour en discuter. Au regard de tels exploits, on se dit que c'est uniquement parce qu'il ne parle pas encore couramment espagnol qu'il n'est pas parvenu à faire libérer Ingrid Betencourt. Au passage, il a également donné un cours de journalisme international à Claire Chazal et PDDA : en Belgique les présentateurs télé s'excusent auprès de lui quand ils commettent des dérapages aussi grave que sous-entendre qu'il aurait pu arriver bourré à une conférence de presse (alors qu'en réalité assure-t-il : "j'étais en retard, j'ai donc monté les escaliers quatre à quatre"). Mais de toute façon l'impudent plumitif d'outre-Quievin ne fait plus le malin mouché comme il l'a été par le chef de l'État français qui lui a retourné un trait digne de Cyrano de Bergerac, que l'on peut résumer par "c'est pas qui moi avait bu, c'est lui" ou mieux "c'est celui qui dit qui est"…
Sur le plan de la politique intérieure pas de scoops, Nicolas Sarkozy a réaffirmé qu'il ferrait vite, tout ce qu'il a annoncé durant sa campagne avec un argument massue : "je suis président de la République, j'ai pris des engagements devant les Français et je les respecterai". Si sur le fond, les électeurs lui ont donné raison par deux fois lors de la présidentielle et des législatives, sur la forme, il y a encore de progrès à faire : il ne faut pas confondre vitesse et précipitation (le couac de la TVA sociale devrait lui servir de leçon), ni concertation et négociation. Sur ce dernier point, à moins de violer la loi sur le dialogue sociale, le président de la République sera bien obligé de laisser le temps aux partenaires sociaux de négocier sur les sujets les concernant, même si cela ne débouche pas sur la position dont il rêve.
Enfin avec un ton condescendant, des réflexions de petit prof pour remettre des journalistes, pas franchement virulents, à leur place, et un bon sens proche de la raffarinade, pas de doute, Nicolas Sarkozy, quand il n'est pas avec ses amis du showbiz, s'est parfaitement glissé dans les habits de chef de l'État… version 1958.