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plans de fuites...

Publié le 06 juillet 2008 par Eno

C’est un peu comme si je voudrais me faire rapatrier. Sont ce mes attaches insulaires ? Vit on mieux, encerclé d’océan ou encastré dans un continent de béton, de goudron et de champs empoisonnés ?

A celui qui veut être fier, deux voies : celle du martyr et celle du mercenaire, celle de l’insoumis ou celle du soldat. A chacun sa fierté.

Qui voudra encore de moi, d’ici quelque années, alors que j’aurais peaufiné mon alcoolisme, pérennisé mes dépendances aux fumées, une fois que je me serais brutalisé autant que je l’espère, après m’être rendu fou, ou philosophe, je veux dire épris d’une liberté fuyante, obsédé d’un amour sans objet, ou dont l’objet m’échappe… Qui me supportera encore, alors que je ne comprendrais plus l’objet, et suspecterais toute impression de permanence, même de continuité ?

Qu’aurais je a dire ? Qu’ai-je à dire, maintenant que j’élabore mes plans de fuite…. J’ai l’impression d’abandonner mes espoirs de construction, je bâti le cercle de mes habitudes, mais celles-ci ne sont pas vouées à me perpétuer, mais à me faire déchoir, déchéer… Fuite morbide ? Pas vraiment. C’est que par là, je goutte aussi quelques plaisirs, je préserve quelques joies et quelques espoirs…

C’est qu’il n’y a plus moyen de fuir la destinée que nous ordonne notre douce dictature par quelques activités sociales qui ne soient pénalisés ou absorbés dans le spectacle de la démocratie élective.

Alors nous fuyons par quelques magies psychotropes, par quelques jouissances de la déchéance. Les refuges au spectacle qui nous englobe et nous étourdis sont par analogie comparable au sommeil : il y a comme quelques distance a prendre vis-à-vis de notre conscience elle-même, voire de notre corps, afin de pouvoir se sentir un peu plus à l’air libre. Prétendra t on que je fais ici l’apologie de quelques actes immodérés de délice plus ou moins délictieux ? Loin de là – je ne fais que m’insurger sur l’ampleur de l’obstacle au sentiment d’habiter un monde que je comprenne, de participer à une espèce, à une société à laquelle je veuille participer, et surtout a laquelle je puisse participer sans que l’on ruine mes membres, sans que l’on assèche mon esprit, sans que l’on éteigne mon souffle.

Et a-t-on vraiment le choix, lorsque l’on a la possibilité, ou l’envie ? C’est que de paradis artificiel que nous nous enflons, car nous ne croyons ni en d’autres paradis célestes, ni en la possibilité d’être libre sans devenir activiste jusqu’au martyr – car nous ne voulons pas faire du spectacle ; mais même la mort fait spectacle.


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