Je ne sais même pas à qui il appartient
Je ne me souviens de rien...
Ma mémoire défaillante me fait beaucoup de bien
C'est mon amant Alzheimer qui l'entretient
Pour me mettre à l'abri du train-train quotidien.
Tiens ! Tiens !
Je viens de voir tomber une feuille d'un arbre
Je ne sais si elle est encore vivante ou si elle est déjà morte
Et je me dis que rien que cette feuille
M'atteste la présence physique, métaphysique d'un auteur.
Je dirai que son passage de la vie à la mort était écrit
Elle ne s'est pas faite ou défaite toute seule
Elle s'est détachée de l'arbre pour se rattacher à toute la forêt de signes
Qui plaident en faveur d'un jardinier...
Qui a implanté sa petite graine et lui a ordonné de croitre avant de s'éclipser.
Tiens ! tiens ! Ça me revient
Le sens de cette ordonnance...
C'est bien la preuve physico-théologique de l'existence de Dieu
J'hésite entre sa toute puissance et sa clémence.
Une feuille est morte et sans que la nature fasse son deuil
Peut être parce qu'elle en a d'autres en sommeil
Il y a un dieu derrière qui veille ou surveille
Et toute la nature ne tient que grâce à ce brin surnaturel
À Dieu et à son clin d'œil.
Tiens ! Tiens ! Un écureuil
Pour me rappeler que ce n'est pas demain, la veille
Il a l'air de faire main basse sur le noisetier
Ça y est ça me rappelle Casse-noisettes de Tchaïkovski
Et en même temps, les quatre saisons de Vivaldi
Toute la genèse du vivant, du végétal à l'animal.
Je ne vois que le bien, je ne vois pas le mal
Une physique adossée à une métaphysique
Un dieu invisible qui occupe ou s'occupe des lieux
Pour que l'arbre pousse avant que la feuille ne décroche
Ou que l'écureuil s'en mette plein les poches.
C'est physico-théologique
Pour que ce soit fini, il faut qu'il y ait un finisseur.
Infiniment infini...
Je lève les yeux au ciel... et je m'émerveille
De voir le seul œil du ciel, le soleil
Qui dispense gracieusement sa lumière
Pour m'éclairer ou pour faire pousser l'herbe sous mes pieds
C'est sensé, bien agencé.
Zarathoustra disait que toutes les choses étaient enchainées, enchevêtrées et amoureuses les unes des autres...
Je ne sais pas si c'est Dieu ou mes yeux, la raison de cet amour ou l'amour de cette raison qui tombe comme une feuille
Qui se faufile comme un écureuil
Ou qui réchauffe le cœur comme un soleil.
C'est un conte de fées
Où tout ce qui est fait est parfait.
C'est fou ça, j'ai oublié Dieu
Alors que je l'ai sous les yeux !
Auteur interprète : Emeline Becuwe
Scénario : Emeline Becuwe
Actrice : Emeline Becuwe