La mort c'est un peu l'érotisme
Higelin
C'était à Mugron (Landes) en 2010, en cette belle salle de l'Agora. Le grand Jacques avait la crève mais une pêche d'enfer. Il a parlé de la vie, de la mort, des cimetières. Concert pour moi inoubliable. Vivant, péchu, grandiose. De l'Higelin quoi.
La scène c'est toujours comme ça, je le sais par le théâtre, on joue avec une crève monstre et on s'effondre seulement au sortir du plateau.
Ce soir-là il avait un paquet de kleenex sur son piano. À intervalle régulier il se mouchait, essuyait son pif. J'étais au premier rang, contre la balustrade, à cinq mètres de lui. Concert géant. Un moment il se mouche et me balance dessus son mouchoir en disant "Tiens, je partage mes microbes", puis se fend d'un grand éclat de rire en quittant le piano pour sauter sur sa guitare. J'ai ramassé son kleenex que j'ai fourgué dans la poche de mon jean.
Je l'ai toujours gardé. Les crobes se sont évanouis depuis longtemps, il est sec mais intact, pas désagrégé, j'en prends soin... Je me marre en écrivant ça. Quand je vais en chimio j'ai toujours trois choses avec moi : ma peluche "Petit taureau furieux Tatanka" que mon frangin Serge m'a donné, autour duquel j'ai accroché un petit Moaï en bois offert par Monique et dans les poches arrière de mon jean le kleenex du grand Jacques et un bristol de Charlebois sur lequel il m'avait écrit "Pour Max...Robert Charlebois". Je ne sais pas vous expliquer, ça me donne la pêche, une sacrée pêche...
Et la pêche, sauf pour les poissons, c'est la VIE !!!