Dans ces strates, des plus anciennes au plus récentes, l’Histoire perd en émotion, devient plus analytique, de mémoire elle devient science, l’humain semble se diluer dans le temps, l’écrit devient plus rigide, le passé perd sa lumière.
Je me suis aussi aperçu, moi même, ayant été longtemps imprégné par mon milieu familial par la doxa historique, que chaque faits de cette période exposée au travers de ce prisme déformant n’est que la partie émergée de l’iceberg, et que pour se former une connaissance il faut appréhender la partie immergée de l’iceberg. Chercher, croiser, analyser les points de vues, extirper les informations, lire, relire, disséquer les faits ; un travail lent de médecin légiste, autopsiant le cadavre du passé, y recherchant des indices pour expliquer sa vie et sa mort. Peu à peu, petite touche par petit touche, lentement, se construit en moi une perception historique, dans laquelle je vais puiser pour écrire EST et aussi un livre (car tant de choses sont à dire). Même si ce travail d’introspection dans ce passé me laisse triste et dubitatif quant à la capacité de l’Homme à créer le bien, je souhaite apporter ma modeste contribution à ce que fut le Front de l’Est, moins pour ceux qui verront le film ou liront le livre, (en m'éloignant des débats stériles…) que pour ceux et celles qui sont morts deux fois, dans la vie et dans le souvenir.