Quand j’ai commencé à m’intéresser au Front de l’Est, il y a bientôt 2 ans et demi, j’ai démarré par un symbole, Stalingrad. Là sur la Volga, le 2 février 1943, la VI armée Allemande se rendait, les sacrifices Soviétiques depuis le début de l’invasion Nazie en juin 1941 n’avaient pas été vains. Puis à partir de ce point j’ai déroulé l’Histoire jusqu’à la défaite Nazie, et surtout j’ai remonté le temps pour appréhender la naissance du Nazisme depuis 1920. Je voulais me constituer une vision globale, cohérente, synthétique, presque exhaustive de cette période, notre époque se satisfaisant de fragments, de simplifications propices au mensonge. Dans cette exploration, j’ai découvert que l’Histoire s’offre en strate, qui apporte chacune son lot de vérités, d’approximations, de parti-pris, d'analyses. Il y a d’abord les livres écrits à cette époque (Le Livre Brun, Appel du Peuple Allemand, les Soldats du Marais…), qui bien mieux que la colorisation des photographies et films N&B, nous projettent dans le présent du passé. Juste après guerre (45/50), Stalingrad brille encore, la Victoire Soviétique sur le Nazisme est un fait incontournable. Puis viennent les années 60/80, (Le jour le plus long en 1962, la série documentaire “Le monde en guerre” de la BBC en 1974) où la doxa historique Franco Anglo Américaine impose son discours falsificateur, qui perdure hélas encore majoritairement . Les années 1990 /2000 verront des retours à la vérité qui seront rendus inaudibles par une Société aveugle au passé, jouisseuse d’un présent, qui comme la culture hors sol, n’a pas de racines.
Dans ces strates, des plus anciennes au plus récentes, l’Histoire perd en émotion, devient plus analytique, de mémoire elle devient science, l’humain semble se diluer dans le temps, l’écrit devient plus rigide, le passé perd sa lumière.
Je me suis aussi aperçu, moi même, ayant été longtemps imprégné par mon milieu familial par la doxa historique, que chaque faits de cette période exposée au travers de ce prisme déformant n’est que la partie émergée de l’iceberg, et que pour se former une connaissance il faut appréhender la partie immergée de l’iceberg. Chercher, croiser, analyser les points de vues, extirper les informations, lire, relire, disséquer les faits ; un travail lent de médecin légiste, autopsiant le cadavre du passé, y recherchant des indices pour expliquer sa vie et sa mort.
Peu à peu, petite touche par petit touche, lentement, se construit en moi une perception historique, dans laquelle je vais puiser pour écrire EST et aussi un livre (car tant de choses sont à dire). Même si ce travail d’introspection dans ce passé me laisse triste et dubitatif quant à la capacité de l’Homme à créer le bien, je souhaite apporter ma modeste contribution à ce que fut le Front de l’Est, moins pour ceux qui verront le film ou liront le livre, (en m'éloignant des débats stériles…) que pour ceux et celles qui sont morts deux fois, dans la vie et dans le souvenir.