Envier

Par Noraanselme9

SOUFFRIR DE REGARDER

Le mot Envie vient du latin Invidia – Malveillance -, composé du suffixe Videre – Voir – , et définit un regard qui fait souffrir le sujet et l’objet de ce regard, car c’est un regard qui cherche à détruire l’objet. Cet élan destructeur envers le possesseur de l’objet désiré se suffit à lui-même. En effet, le sujet est moins motivé par la jouissance de l’objet désiré que par sa destruction. Il va tenter de refouler la pulsion destructrice plus ou moins bien selon sa puissance, en mettant en place des défenses qui peuvent s’avérer extrêmement coûteuses en souffrance, en enfermement sur soi. Souvent elle agit mêlée à de la culpabilité et de la honte car l’objet du regard envieux peut être très proche : un parent, un conjoint, un ami.

Quelle est l’origine de cette souffrance ? être blessé par ce qui pourrait être un facteur d’ouverture, c’est-à-dire l’autre et ses réalisations ; nous vivons l’objet de notre désir comme s’il avait été capté dans l’autre, comme s’il nous revenait aliéné à l’autre, ce qui déclenche notre agressivité, écrit Pascale Hassoun (psychanalyste) dans son article de la revue Héron consacrée à l’envie (Pascale Hassoun, « Il était une fois l’envie », Le Coq-héron 2017/1 (N° 228, p. 74-85.)

A la différence de la jalousie qui s’origine dans le complexe d’œdipe par sa problématique des identifications ambivalentes, l’envie trouve sa source dans le complexe de sevrage et maintient nouées l’identification maternelle et l’agressivité.

Le regard d’envie anime chacun de nous, de manière sporadique, épisodique, à des moments de vie où on se sent plus vulnérable, plus insécure, mais lorsque l’envie envahit le psychisme du sujet, comment s’en libérer ?

Le regard envieux pétrifie, le sujet est comme médusé, sorti hors de lui, hors de sa vie. Il s’agit de se réapproprier son vécu intérieur, de se situer en soi par rapport aux autres, de se libérer de cette aliénation :  » Il y a dans cet instant une véritable hémorragie narcissique qui provoque un appauvrissement brutal du moi, une dévalorisation douloureuse, voire un vécu d’anéantissement dans les cas extrêmes, c’est-à-dire une vraie menace pour l’intégrité du moi. » écrit Vincent Perdigon dans la revue citée plus haut (Vincent Perdigon, « Accueillir l’envie », Le Coq-héron 2017/1 (N° 228), p. 86-93).

Celui-ci préconise « une grande capacité d’accueil » de la part du thérapeute pour étayer le processus chez le sujet, qui consiste à intégrer ses capacités de développement psychique pour lesquelles il a besoin d’un tiers pour les mettre à jour et qui le font tant souffrir quand il les voit à l’œuvre chez les autres. Cette capacité d’accueil assure une fonction de pare-excitation (contenir les affects) et surtout une fonction de reconnaissance quand le sujet est mis hors de lui par son regard envieux. Il s’agit de mettre en place les conditions d’une rencontre où le sujet est reconnu comme sujet.

L’étude d’un thème natal ne permet pas de discerner un tableau clinique de l’envie, on peut tout au plus distinguer des tendances névrotiques qui pourrait évoluer en complexe pathologique, comme par exemple une accentuation du signe du Taureau comportant un amas planétaire affligé par des aspects dissonants, en effet quand le signe du Taureau (et sa planète maîtresse Vénus) est en position dominante mais déséquilibrée, il peut manifester des caractéristiques d’avidité, de pulsion orale agressive que l’on retrouve dans le tableau de l’envie. De plus on retrouve aussi le complexe maternel avec la Lune (symbole de la mère), planète exaltée en Taureau, si elle est également en dissonance, notamment avec Vénus, Saturne, Pluton. Bien sûr, un thème natal présentant ces configurations ne déterminent pas un diagnostic, loin s’en faut, il propose autre chose, un autre éclairage, un éclairage symbolique sur les énergies inconscientes qui nous animent, une manière d’accueillir.