Titre : La mort de Staline, T1 : Agonie
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : Thierry Robin
Parution : Septembre 2010
« La mort de Staline » est un album paru en septembre dernier. Il est édité chez Dargaud. Son format est classique et son prix est 13,95 euros. L’histoire s’étale sur deux tomes. Le sujet de mon avis est le premier de la série. La couverture sur fond rouge nous montre au second plan une image du fameux tyran soviétique. En-dessous du titre on découvre un homme en train apparemment de mourir dans son lit entouré de toute sa clique. Le scénario est l’œuvre de Fabien Nury. J’ai une affection pour la bibliographie de cet auteur depuis que j’ai découvert les sagas « W.E.S.T. » et « Je suis légion ». La qualité de ces ouvrages fait que j’ai une confiance extrême en son talent. Pour « La mort de Staline », il s’est associé avec le dessinateur Thierry Robin dont je ne connais pas encore le style.
Des faits réels… fictionnels ?
L’histoire est précédée d’un avertissement qui est le suivant : « Bien qu’étant inspirée de faits réels, cette histoire n’en demeure pas moins une fiction, librement construite d’après une documentation parcellaire, parfois partiale et souvent contradictoire… Les auteurs précisent toutefois qu’ils n’ont guère eu besoin de forcer leur imagination, étant incapables d’inventer quoi que ce soit d’équivalent à la folie furieuse de Staline et de son entourage. » Cela donne le ton de l’album. En effet, on découvre, dans les premières, Staline faire une attaque cardiaque. La situation est grave et a des conséquences politiques énormes. On suit donc son entourage gérer la situation. Et ce n’est pas triste…
Il est certain que cet album possède une dimension historique. Il est intéressant de s’immerger dans l’Histoire par des événements moins clinquants qu’une grande bataille ou un grand discours. En choisissant de nous faisant découvrir la nuit qui a vu Staline s’éteindre, les auteurs nous décrivent le fonctionnement de tout un empire à travers le prisme de cette situation. L’intrigue est dense, la narration est intense. On sent la gravité de la situation et l’adaptation permanente de l’entourage du dictateur. L’histoire est passionnante. Chaque case est captivante. C’est un album qui se dévore avec un grand appétit. On se sent réellement frustré à la fin de l’histoire. On est impatient de connaître la suite. Pourtant, il ne s’agit que d’un homme qui fait une attaque cardiaque et qui s’apprête à mourir. Il y a globalement une unité de lieu. On n’a pas de scène d’action ou de bataille. Mais cela ne nous empêche pas d’être ensorcelé par les événements qui nous sont contés.
Bien qu’il se montre peu expressif et peu bavard dans l’histoire, le personnage central est Staline. Il est d’ailleurs curieux de voir le charisme qu’il dégage par le simple regard que les autres protagonistes portent sur lui. Alors qu’il est quasiment à l’état de légume, la matière avec laquelle ses collaborateurs parlent de lui est impressionnante. Cet aspect est remarquablement transcrit. Mais la richesse de la narration réside également dans tous les personnages qui se trouvent à un virage de leur vie. Leurs réactions et leurs initiatives à ce moment-là auront une influence énorme sur leur vie à venir. On découvre donc les différents membres du comité du parti. Alors que Staline n’est pas encore mort, les manipulations politiques vont bon train.
Comme je l’ai écris précédemment, l’atmosphère est captivante. Que va-t-il se passer ? Comment la mort va-t-elle être gérée ? Quelles en sont les conséquences ? Qui va en sortir grandi ? Qui va être profondément affaibli ? Ce sont toutes ses questions qui nous accompagnent à chaque fois qu’on tourne une page. L’histoire est également quasiment un huit-clos. L’ambiance sans être nécessairement oppressante est tout au moins confinée. Chaque page est une réussite. La qualité est remarquablement dense.
Le scénario est splendide, je pense vous l’avoir suffisamment bien fait comprendre. De plus, il est mis en valeur par des dessins remarquables. Dès les premières pages, je suis laissé conquérir par le style de Thierry Robin. Il se dégage de ses planches une vraie atmosphère. On est complètement immergé dans l’histoire. Je trouve également les personnages très réussis. Ils prennent vie très facilement. De plus, je trouve son découpage des cases très bien dosé. Il participe activement à l’intensité de certaines scènes ou de certaines phrases.
Au final, j’ai trouvé remarquable cet album. L’histoire d’une intensité certaine, les dessins sont remarquables. Je me languis d’attendre la suite et fin de cette partie d’histoire. Il s’agit d’un ouvrage que je vous conseille vivement de découvrir. Cela serait dommage de passer à côté.
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