Ecrire empêche, qu’on dirait
Avant un récital de poésie à la Comédie Française
J'ai beaucoup marché, depuis la rue des Fossés-Saint-Bernard
Jusqu'à des endroits pour y voir
Des dessins d'Alexandre Holan., de ses peintures aussi
Passés par des arbres que le peintre connaît,
Par de vieux récipients émaillés
Et pas loin dans une autre galerie
Des morceaux de bois qu'a peints Tal Coat.
Ça m'était facile de penser à toi, à tes champs, au rond de tes granges
À ton artisanat de bricoleur utile, maintenant
Me voilà dans un McDo avec en face
Une longue rangée de statues, niches sombres, sur ce côté sale du musée du Louvre
Et dans le T de rues, sur lequel donne le vitrage (rues de l'Échelle et de Rivoli)
Les bandes blanches des passages pour piétons
Sont comme pour annoncer
Les colonnes de Buren pas loin desquelles tout à l'heure
Des comédiens diront cent ans de poésie française
Et peut-être qu'à des moments
J'y entendrai quelque chose de ce que tu as pu penser
En regardant des arbres
Ou quelque ancienne bassine que tu n'allais pas jeter.
8 mars 2016
Il y a le bruit de conversations nombreuses
Parce que tellement du beau temps en cette à peine mi-mars.
Le carillon grêle du beffroi suivi de quelques coups graves qui disent l'heure.
Seize heures place des Héros,
Un chocolat chaud, petit fauteuil en rotin et légère fraîcheur de l'air, à deux pas
Au bout de la courte rue de la Taillerie
L'espace nu de la Grande place, ses arcades portant plus à l'écart des murs
Et quelque chose de plus vif dans l'ensemble brique et parements de pierre blanche.
Quelqu'un me dira que les Arrageois ont beaucoup reconstruit
Après des bombardements. On se demande comment de semblables bombardements
Peuvent continuer aujourd'hui, d'autres villes de par le monde,
monuments, maisons qu'on efface, pillages, et des gens qui meurent
On finit par ne plus trop savoir penser...
La beauté
De ce qu'on a reconstruit aide un peu, j'aime
Entendre les gens causer de rien, je suis bien
Dans mon fauteuil en rotin — et si mon poème
Qui voulait parler de mon père en cette ville d'Arras
Reconstruit quelque chose qui ressemble
À des moments de sourire dans l'imparfait de sa vie?
10 mars 2014
Chacun sait qu'en vieillissant
(Du moins les gens d'un certain âge)
On voit de plus en plus les autres qui s'en vont
Au large de notre vie continuée,
Des noms ou des visages, des livres et des gestes:
Tout récemment par exemple ceux de poètes
Dont j'aimais la parole, ou peut-être
La seule sonorité de leurs noms et prénoms.
Ton -visage qui s'en va, mon père, celui d'un frère, ceux
De ma mère et d'autres
Qui maintiennent vivant celui de mon village.
Le monde comme une charpie livrée au vent.
23 février 2015
James Sacré, in revue Rehauts, N°40, automne-hiver 2017, pp. 43 à 45.
James Sacré dans Poezibao : Trois anciens poèmes mis ensemble pour lui redire je t'aime (Cadex, 2006), recension de Aneries pour mal braire et de Broussaille de Prose et de vers (par Tristan Hordé), note sur la poésie, Extrait 1 (trois textes), extrait 2, extrait 3, Un Paradis de poussières (par T. Hordé), Khalil el Ghrib, note de lecture par Tristan Hordé, extrait 4, entretien avec Tristan Hordé (avec pdf) notes sur la poésie, extrait 5, extrait 6, extrait 7, D’Autres vanités d’écriture (par T. Hordé), extrait 8, Bernard Pagès, élancées de fêtes, mais tenant au socle du monde (par T. Hordé), Paroles du corps à travers, ton pays, Portrait du père en travers du temps, Bernard Pagès, élancées de fêtes, mais tenant au socle du monde (par A. Emaz), extrait 9, Le désir échappe à mon poème (par Alexis Pelletier), Le désir échappe à mon poème (par T. Hordé), En tirant sur les mots, (par Antoine Emaz), ext. 10 , America Solitudes (par A. Pelletier), America Solitudes (par A. Emaz), America Solitudes (par Yann Miralles), Mobile de camion couleurs (par A. Emaz), notes poésie, "Si les felos traversent par nos poèmes ?", par Yann Miralles, ext. 11, "Si les felos traversent par nos poèmes ?" (par Antoine Emaz), ext. 12, "Le paysage est sans légende " (par Antoine Emaz), ext. 13, ext. 14, ext. 15, nc2, "Donne-moi ton enfance", par Antoine Emaz, "Parler avec le poème", par Ludovic Degroote, ext. 16, ext. 17, James Sacré, "Ne sont-elles qu’images muettes et regards qu’on ne comprend pas ?", par Antoine Emaz, (note de lecture) James Sacré, "Un désir d'arbres dans les mots", par Yann Miralles, (note de lecture) James Sacré, "Figures qui bougent un peu", par Jacques Morin, (note de lecture) James Sacré, "Figures qui bougent un peu", par Ludovic Degroote, (note de lecture) James Sacré, "Figures qui bougent un peu", par Jean-Pascal Dubost, (revue Sur Zone), n° 36, James Sacré, « Un masque de poèmes », (notes sur la création) James Sacré, "parfois notre poème obsur", (Anthologie permanente) James Sacré, revue "Rehauts" n°40, (Brèves de lecture) Epaminondas Gonatas, James Sacré, Sylvie E. Saliceti.