On le sait maintenant : les appelés partis faire « des opérations de maintien de l’ordre » en Algérie n’ont que très peu raconté ce qu’ils avaient vécu de l’autre côté de la Méditerranée. Le père de Béatrice est de ceux-là. Puisque les hommes ne racontent rien, Béatrice va suivre le conseil de sa mère : interroger des femmes. Une amie, puis une autre et encore une autre, la voici en Algérie et ses rencontres montrent de la guerre ce que les femmes en ont vu, ce qu’elles y ont fait, ce qu’elles ont subi. Le récit n’est pas manichéen. Il n’enjolive ni ne dramatise les situations. Un attentat est un attentat. Parfois son auteur est une femme, parfois une femme en est victime. La torture y est insoutenable. Toutes celles dont la bande dessinée fait le portrait semblent se connaître ou s’être connues, qu’elles soient prises sous les tirs, qu’elles soient militantes du FLN, voire même pied-noir. Ce qui les réunit dans ce livre, c’est qu’elles sont toutes algériennes aujourd’hui, laissant espérer un pays réconciliable, si toutefois on y donnait la parole aux femmes.