Les querelles idéologiques se trompent. Le changement qui se passe en France, et ailleurs, est bien plus fondamental que ce qu'elles croient. Ce changement n'est que la conséquence des transformations qui ont modifié la société et ses aspirations.
Ce qui est remis en cause ne vient pas du 20ème siècle, mais du 19ème, et parfois de bien avant, me semble-t-il. J'ai critiqué Hayek, et pourtant je soupçonne maintenant qu'il avait raison. Il pensait que la société moderne se recomposait désormais en permanence. Ce qui est faux, puisque, d'une part il y a une évidente continuité dans la culture d'un pays et même d'une entreprise, et que, d'autre part, nous dépendons d'infrastructures qui évoluent lentement. Mais c'est aussi juste, sur une échelle de temps plus longue, parce que nous n'avons plus de places assignées dans la société, dès la naissance, comme il y a encore quelques décennies. Les avantages ne sont plus acquis. La société est devenue fluide. Cela s'est fait avec l'uniformisation de l'éducation. Plus surprenant, tous les pays ont quasiment adopté le même modèle.
Le changement n'étant pas nommé, il se fait à l'aveugle. Il rencontre les résistances de l'ancien régime et ses dysfonctionnements. C'est aussi bien un gouvernement qui continue à prendre ses électeurs pour des demeurés, que des syndicats dont la doctrine vient des usines de Marx, ou encore des universités qui n'ont été pensées pour rien, et surtout pas pour la société moderne.