Christine « Lady Bird » McPherson (Saoirse Ronan) se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère (Laurie Metcalf), aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père (Tracy Letts) de Lady Bird ait perdu son emploi.
Réalisé par l’actrice/scénariste Greta Gerwig, Lady Bird est une comédie dramatique qui vaut surtout pour son extrême justesse. Tant dans l’écriture que dans l’interprétation, les personnages se révèlent en effet d’une sincérité désarmante. En particulier Lady Bird et sa mère, dont la relation mouvementée constitue à n’en pas douter le cœur du récit. Toutes les scènes où elles se donnent la réplique font d’ailleurs certainement partie des plus réussies du film. Il faut dire que les deux comédiennes délivrent une performance assez remarquable, pleine de sensibilité et de nuance. Saoirse Ronan, tout d’abord, confirme avec ce rôle son immense talent, épousant à merveille la personnalité farfelue de la jeune femme. Année après année, l’actrice irlandaise démontre sa faculté à apporter une vraie énergie dans les projets dramatiques dans lesquels elle se plonge. Laurie Metcalf, ensuite, propose une interprétation d’une grande profondeur dans la peau de cette mère autoritaire mais aimante. A leurs côtés, on appréciera aussi les prestations convaincantes de Lucas Hedges et Timothée Chalamet, deux stars montantes du grand écran, que l’on a pu respectivement apercevoir dans Manchester by the Sea et Call me by your name.
Aussi attachants soient les personnages, le film peine néanmoins à passionner. La faute à un récit extrêmement balisé, cochant toutes les cases des comédies dramatiques indépendantes douces-amères. Il en découle, du coup, une œuvre plate et prévisible ne devant son intérêt, au-delà de sa grande justesse, qu’à une relation mère/fille sortant de l’ordinaire et l’un ou autre moment de rébellion bien senti. Pour le reste, le long-métrage n’apporte malheureusement pas de regard particulièrement novateur sur cette période si importante du passage à l’âge adulte. En outre, si la fibre comique du film est perceptible de bout en bout, grâce notamment au contexte catholique de l’histoire et au décalage des personnages, la dimension émotionnelle est en revanche beaucoup trop étouffée que pour véritablement toucher. Il faut d’ailleurs attendre la dernière scène du film pour sentir enfin l’émotion nous submerger. Pour terminer, Lady Bird ne séduit pas non plus outre mesure sur le plan artistique, la mise en scène comme la photographie se révélant d’une banalité confondante. A l’issue du visionnage, je m’interroge d’ailleurs sur la raison de la nomination de Greta Gerwig comme meilleure réalisatrice aux derniers Oscars.
En définitive, avec Lady Bird, Greta Gerwig signe donc une comédie dramatique plutôt banale sur l’émancipation d’une adolescente. Sans véritable saveur, le film ne doit son salut qu’à la grande justesse de son écriture et la belle implication de son casting, Saoirse Ronan et Laurie Metcalf en tête.