Aujourd'hui, on recherche, au contraire, des personnes plus conviviales, plus « cool » en matière de relations humaines. C'est le profil, non pas des aînés, mais des petits derniers qui bénéficient bien souvent de la mansuétude des parents et de la protection des aînés… Trop souvent, le personnel ne sait pas pourquoi telle ou telle action lui est demandée. Surtout quand les décisions de la hiérarchie se mettent en strates qui se superposent : on ajoute des nouvelles règles sans annuler les anciennes. Combien de personnes continuent d'appliquer des instructions anciennes, remplacées depuis par de nouvelles décisions, sans intérêt aucun pour l'entreprise.
Des tableaux continuent à être fournis à des destinataires qui les engouffrent dans les tiroirs sans même les consulter ! De même des colonnes de statistiques inutiles continuent d'être fournies ! Le management bienveillant consiste à indiquer aux destinataires l'insertion d'une décision pour l'ensemble des services. Ces derniers doivent communiquer entre eux et pas seulement lors de « pots » de fin d'année…
Plus les personnes sont proches du terrain, plus elles sont au contact de la réalité et des améliorations à apporter. La bienveillance du management facilite la remontée d'informations. Dans le cas contraire, les personnes préfèrent ne rien dire de peur de se faire rabrouer ou de se faire mal voir par les collègues. L'information doit circuler de bas en haut et de haut en bas. Cela nécessite que la confiance règne à tous les étages. Sinon les dysfonctionnements peuvent perdurer durant des années ! Bien entendu, ces suggestions doivent être suivies d'effets. Si elles ne peuvent pas s'appliquer, il faut l'expliquer à ceux qui ont eu le mérite de les faire.
Qui ne commet jamais d'erreurs ? Même la hiérarchie en commet et avec des conséquences beaucoup plis lourdes compte tenu des enjeux ! Des entreprises ont dû déposer le bilan à cause des erreurs de la Direction ! Il faut donc relativiser les erreurs plus ou moins petites du personnel à la condition suivante : il faut que la personne reconnaisse l'erreur et comprenne ce qui s'est passé (sans se contenter de mettre la faute sur autrui) afin que ces erreurs ne se renouvellent pas.
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Toute structure est composée de personnes qui ne se sont pas choisies. Elles doivent pourtant cohabiter avec confiance. C'est dans ce contexte que s'est posée la question de savoir si les « bobos » personnels (divorce, maladies, difficultés avec les enfants, avec les parents…) doivent s'exprimer à l'intérieur de l'entreprise. Deux écoles s'affrontaient : la méthode anglo-saxonne qui acceptait cette intrusion du privé dans le cadre professionnel. Au contraire, l'école des pays latins et germaniques indiquent que les problèmes privés doivent rester aux portes de l'entreprise. En réalité, cette opposition est devenue vaine : aujourd'hui tout le monde connait les problèmes privés de tout le monde.
Le numérique (Google, Facebook et autres réseaux) facilite cette auto-communication dans la sphère professionnelle. Il convient cependant de la contrôler afin que l'expression de ces tourments personnels ne phagocyte pas toutes les énergies. Le management bienveillant consiste à ne pas ignorer ces problèmes personnels et même plus : il peut aider les personnes concernées qui sont dans la peine. Le management bienveillant est essentiellement humain.
En conclusion, ce type de management exige du personnel une bonne interprétation. Il ne doit pas l'assimiler à une faiblesse de la hiérarchie et d'essayer d'abuser de cette bienveillance. S'il le fait, alors il donne de lui-même quitus à l'autre type de management qui existe hélas : le management malveillant qui fait des ravages dans l'entreprise et même dans la vie privée du personnel. L'actualité ne manque pas d'exemples désastreux…
A propos de l'auteur : Jean-Pierre Lehnisch est P-DG du CNFDI, Docteur d'Etat en droit et licencié en sociologie.