quelque chose comme allonger le parfum de la rose
ou creuser des trous de lumière
dans un flanc de ténèbres.
Et c’est aussi faire passer quelque chose
dans une manœuvre insensée
d’un bateau imperturbablement coulé
à une navigation sans bateau.
Penser, c’est persister
dans une solitude sans retour.
*
Pensar es una incomprensible insistencia,
algo así como alargar el perfume de la rosa
o perforar agujeros de luz
en un costado de tiniebla.
Y es también trasbordar algo
en insensata maniobra
desde un barco inconmoviblemente hundido
a una navegación sin barco.
Pensar es insistir
en una soledad sin retorno.
***
Roberto Juarroz (1925-1995) – Décima poesía vertical (1987) – Poesía vertical: Antología