Hegel parle d'un phénomène curieux. La dialectique. La caractéristique de la raison semble l'erreur. Cette erreur, un moment triomphante, provoque une réaction brutale. Elle porte en elle-même sa négation.
Ce qui est inquiétant, c'est que les faits semblent lui donner raison. D'ailleurs, il a bâti son raisonnement sur un examen de l'histoire. Comme le disait un des rédacteurs des limites à la croissance, un mathématicien spécialiste de la dynamique des systèmes du MIT, l'histoire semble faite de bulles spéculatives. La société va de crise en crise. (La prochaine pourrait être la dernière.)
Conclusion ? Si vous êtes convaincu de quelque-chose, c'est probablement faux, et même c'est susceptible de vous nuire gravement. Une seconde conclusion, que tire Hegel, est que si l'on prend conscience de ce phénomène, on peut le maîtriser. Le mécanisme est le suivant. On émet une idée, donc. On cherche alors ce qui l'annihile. Cela signifie qu'il faut passer à un niveau supérieur de raisonnement. Pour que l'idée fonctionne, il lui manque quelque chose qui appartient à son contraire. C'est une mécanique qui n'a rien de mécanique. En fait, elle demande à la raison de faire preuve d'intelligence.
Et voilà mon exemple favori. On est après guerre. Comme toujours, les gouvernants français se disent que si l'Allemagne retrouve sa puissance économique, elle repartira en guerre contre la France, et cette fois-ci ce sera la solution finale. Ils veulent donc disloquer l'Allemagne. Mais, comme toujours, les Anglo-saxons s'y opposent. Alors Schumann dit à Adenauer : faisons comme si vous n'étiez pas vaincu, et moi vainqueur, mais égaux. Mettons notre industrie dans un pot commun. Adenauer est surpris, et séduit. Ils créent la communauté du charbon et de l'acier. Or, c'est avec le charbon et l'acier que l'on fait les canons. Pour un développement durable, votons Hegel ?