La servante écarlate : au commencement il y a un livre

Publié le 02 avril 2018 par Tanja @HaKo_niwA

J’ai entendu parler d’une série, The Handmaid’s Tale, qui semblait faire l’unanimité auprès des critiques, mais aussi des spectateurs. Elle est diffusée aux Etats-Unis depuis avril 2017 sur la plateforme de vidéo à la demande Hulu. En France c’est OCS qui a les droits de diffusion. Au mois de janvier j’ai appris que TF1 série films doit la diffuser en clair, mais pour le moment il n’y a aucune nouvelle…

N’écoutant que mon courage, et surtout mon impatience, j’ai demandé le livre, La servante écarlate, au Père Noël qui me l’a déposé sous le sapin. Paru pour la première fois en 1985, La Servante écarlate s’est vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde. Devenu un classique de la littérature anglophone décrit un quotidien glaçant qui n’a jamais semblé aussi proche, nous rappelant combien fragiles sont nos libertés.

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… Les femmes sont divisées en trois classes : les Épouses, seules femmes ayant du pouvoir, elles dominent la Maison, les Marthas qui entretiennent la maison et les cuisines et enfin les Servantes écarlates dont le rôle est la reproduction. Toutes les autres femmes (ou presque) sont déportées dans les Colonies.

La servante écarlate de Margaret Atwood est une dystopie racontée comme une sorte de confession ou de journal de bord. Elle ne raconte pas son histoire chronologiquement, elle fait souvent des sauts dans le passer et on découvre petit à petit sa vie présente en tant que servante écarlate, mais aussi son passé, avant et pendant les changements drastiques subit oar les Etats-Unis.

J’ai beaucoup aimé la façon dont c’était écrit. Le fait qu’on soit dans une sorte de journal où l’héroïne couche sur papier ce qui lui est arrivée donne un ton vraiment authentique au récit. Loin d’être omnisciente, elle semble parfois revenir sur ce qu’elle écrit pour dire qu’en fait ça ne s’est pas passé telle qu’elle vient de nous le dire. Cette proximité avec l’héroïne nous fait encore plus ressentir sa détresse. Elle est consciente de ce qu’elle fait et du pétrin dans lequel elle est. Pour autant les hommes semblent subir aussi ce nouveau régime. La tête basse pour certains, en complotant pour d’autres, ou en se retrouvant dépasser par l’ampleur des changements. Des rôles forcément effleuré car ils  ne peuvent pas vraiment se parler ouvertement. Même entre femmes la communication est succincte.

Ce roman est glaçant car une société que l’on pense immuable peut un jour ou l’autre, à cause de fanatique religieux, basculer dans le chaos. Ce n’est pas si improbable, et cela c’est déjà produit. Pas de cette manière, mais la finalité est la même : des femmes soumises par une doctrine politique et/ou religieuse. Alors oui, elle nous met en garde que rien n’est acquis et qu’il faut rester vigilant. Dans la postface elle explique aussi le choix de la fin pour donner espoir. Et ça ce n’est pas rien non plus. C’est éclairant sur la volonté de l’auteur de dire encore une fois que rien n’est graver dans le roc, tout changement peut être inverser à nouveau.

La servante écarlate, étonne, met mal à l’aise souvent, mais fait aussi beaucoup réfléchir. Et c’est sans doute ça qu’il faut retenir, ne pas être porter des œillères et de rester sur ses gardes. Le pouvoir et la domination est un poison qui peut gangrener nos sociétés moderne. Il est sage de se souvenir qu’on n’est jamais à l’abris.