Après avoir tenté de refaire Scream à sa façon dans une version série, Aaron Martin s’est attaqué à d’autres choses dans cette seconde saison, un savoureux mélange entre Souviens toi l’été dernier et Vendredi 13. Cette anthologie horrifique reprend alors tous les codes du slasher et alors que la première saison avait pas mal de défauts, cette seconde saison, en se découpant en deux parties, parvient à donner un coup de fouet à la série. Développée pour Chiller TV lors de sa première saison, c’est Netflix qui a récupéré la série pour la seconde. Si la première était un peu avare en surprises et surtout en éléments gore, la seconde saison fait tout l’inverse et nous en donne. Je dois avouer que Slasher : Guilty Party est suffisamment inspirée et inventive pour tuer les gens au fur et à mesure de façon originale : la tronçonneuse, la moto-neige, le foreur, etc. Et c’est gore ! C’est tout ce que j’attendais d’une telle série et on me le donne. Forcément, j’ai enchainé tous les épisodes alors que je suis tombé sur cette saison 2 par hasard. Je ne savais même pas que Netflix avait repris la série mais l’algorithme de Netflix a compris que j’aimais les fictions horrifiques et me l’a proposé.
L’histoire de cette saison 2 est donc centrée sur un groupe de moniteurs qui se retrouvent cinq ans après. Il y a cinq ans ils ont assassinés l’une de leurs collègues pour des raisons que l’on découvre petit à petit et l’on a envie de dire qu’à la fin, elle le méritait un peu. Le découpage de la série est ici intéressant. Dans les quatre premiers épisodes, on suit alors le schéma classique du slasher avec tout ce que cela peut avoir de bons comme de mauvais moments (car 4 épisodes de 52 minutes, il faut les remplir). On oscille alors entre des flashbacks qui nous ramènent cinq ans en arrière pour nous emmener jusqu’à la nuit du meurtre (et le pourquoi et qui) puis des scènes dans le présent morose. Le choix visuel de la série est intéressant, avec des flash-backs ensoleillés où tout va bien et le visuel terne, glacial et morose du présent. Tout cela permet de créer une vraie ambiance de film d’horreur du froid, avec des meurtres sanglants. Le fait de situer la série dans le froid, durant l’hiver, permet de faire ressortir le sang sur la neige. C’est plutôt joli et finalement, malgré tous les défauts que Slasher : Guilty Party peut avoir, elle garde un vrai rythme.
Mais la série s’éparpille aussi souvent et plutôt que de se concentrer sur une seule intrigue, elle en raconte plusieurs dans le but d’approfondir plus que nécessaire certains personnages. Bien entendu, tout cela est fait pour que l’on comprenne chacun des personnages et nous emmener à la résolution qui est attendue dès l’épisode 4 (si l’on réfléchit un peu avec la mécanique d’une série de genre). On se rend alors compte que tout le monde mérite de mourir, sauf Kiera incarnée par Madison Cheeatow (et pour le coup elle est un peu transparente durant toute la saison). Grâce à un casting plutôt solide, notamment Leslie Hope qu’il est toujours plaisant de retrouver ou Joanne Vannicola qui incarne Debbie. La scène de torture avec l’ancien prisonnier gay au milieu de la saison qu’elle scalpe est tout de même sacrément jouissive pour le genre. On tombe alors bien souvent dans le torture porn, mais c’est un genre du monde de l’horreur que j’aime bien et qui a fait fureur dans les années 2000. Slasher : Guilty Party tente alors de mélanger les gens avec une certaine inventivité même si tout n’est pas forcément bon à garder non plus. Mais un film d’horreur n’est jamais nécessairement brillant, il est là pour provoquer le frisson et la surprise du spectateur.
Dans la seconde partie de la saison, dès l’épisode 5, la série change de formule et plonge alors les personnages dans une certaine forme de paranoïa où tout le monde s’entretue. C’est assez savoureux d’une certaine façon même si certains angles narratifs sont trop appuyés comme le fait qu’un personnage est violé puis que la série fasse de lui aussi un agresseur sexuel à la fin de l’épisode pour justifier qu’il l’avait bien mérité. Les personnages ne vivent donc pas des aventures de tout repos, avec l’apparition de personnages surprises (mais bienvenus qui apportent une certaine fraîcheur au huis clos). Dans tout slasher, il faut que quelqu’un survive et la série décide de garder le personnage le plue sympathique de la série. Vous verrez par vous même et je dois avouer que le personnage ne mérite amplement. Il y a des morts dans tous les épisodes, ce qui permet là aussi d’éviter de faire les erreurs que Scream avait pu faire sur MTV. Sur Netflix, Slasher : Guilty Party a une certaine liberté qui lui permet de ne pas se soucier de quoi que ce soit quant à l’accord parental et cie. C’est appréciable et malgré certains personnages redondants, la série fait en sorte de les tuer suffisamment tôt pour s’en débarrasser.
Certaines intrigues tentent de pimenter la narration comme le jeu d’alcool où chacun doit dire ce qu’il a fait ou non, l’interrogatoire légèrement ridicule mais suffisamment bien mené pour ne pas trop s’ennuyer et les sempiternelles discussions de chacun des personnages qui doutent de tout le monde. Il était cependant trop facile de découvrir qui était le tueur (j’avais des doutes dès le second épisode, et c’est l’épisode quatre qui m’a confirmé mes doutes). Mais au moins, Slasher : Guilty Party aura été un solide divertissement horrifique qui tente de mélanger les genres pour mieux les dépoussiérer à sa façon. En espérant que Netflix commande une saison 3. Après tout, ce n’est pas le genre de séries qui coûtent trop cher à produire…
Note : 7/10. En bref, du gore en veux-tu en voilà, un huis clos glacial et des personnages têtes à claque comme dans un bon vieux slasher des années 80. C’est réussi.