fanal sous la brume
vidés les aplats d’azur
aux enjolivures de palmes
où s’illuminait le calme
contre la rouille des murs
occident aux mille conquêtes
à tous les points cardinaux
sur la corne de ta peau
qui donc peut rire à tue-tête
rouge est toujours l’aventure
et pour demain comme hier
postulat de l’univers
restent à saigner les blessures
sel de l’air sel du vent
chantier majeur dans les jardins de mitchourine
sous l’ouragan des steppes où ronronnent
aux rougeurs du matin
les voix des gardes-barrières du paradis
à l’horizon la neige fond sur les montagnes
et jaune soleil s’irradie un topaze
tour d’église transparente en pleine lumière
crip crap trallala chante
une grive-ermite de la toundra
au milieu des vulpins
et les savanes en écho prolongent son refrain
ni vent ni voile
n’est jamais de corps terraqué
voguant le même à tout instant
tourbillon guette qui l’hameçonne
et le viatique du néant à ses talons
fuyez avec vos crayons gens de main-d’œuvre
ne voulons être nous autres
que papillons
éternels passants
autour d’une table
ils jouent aux cartes pour un soir
ensemble rient
boivent ensemble
et se séparent
famille au pied du lit
naît l’enfant
meurt le vieillard
ici et là tous laissent de l’un à l’autre
trois ou quatre maillons de leurs attaches
tissées de certitude
qu’elles ne s’useront jamais
qu’une main trouvera toujours du fil
pour les recoudre
impossibles bornes
jaune des blés d’or sur mon papier
sous la fenêtre de la cuisine il rayonne
et le soleil qui tremblote le verdit
et la nuit qui se faufile
par la porte de la chambre
le noircit
en ma tête un jaune plus vrai
jaune si pur
mieux vaut encore
le gris toujours plus ou moins sale
dont je n’attends rien
Lionel Richard, Débris sur le rivage, éditions Pétra, 2018, 164 p., 10€, pp. 60 à 65
Lionel Richard dans Poezibao
bio-bibliographie,
précisions concernant la traduction de Nelly Sachs,
un entretien épistolaire avec Nelly Sachs (1968)
extrait 1,
(Brèves de lecture) Dominique Quélen, Lionel Richard, Olivier Domerg