« Tiens, tant que t’es debout… » Cette phrase, on l’a tous entendue. En couple, en famille, entre amis. C’est le coup classique quand tu es à table et que quelqu’un d’autre s’est levé. S’il y a un service à rendre, évidemment, ça va tomber sur lui. Dans ce genre de situation, je l’avoue, j’aime autant être assis. Pas Jésus. Au cours de son dernier repas, il se lève ; il enfile un tablier et passe parmi ses disciples. Eux sont étendus, selon la coutume orientale de l’époque. « Seigneur, tant que t’es debout… »
Mais Jésus ne subit rien du tout. Debout, il l’est de son plein gré, pour se donner et pour servir. Pourquoi agit-il ainsi ? Afin de nous apprendre, sans doute, que Dieu n’a pas besoin d’être servi. Il n’a pas besoin, non plus, qu’on lui donne à manger. Spontanément, les hommes imaginent des dieux « ogres », avides d’adoration et de sacrifices. Par ces gestes, au contraire, Jésus révèle un Dieu qui s’offre en nourriture et fait lui-même le service. Il l’avait déjà annoncé en racontant l’histoire des serviteurs vigilants : dans son Royaume, c’est Dieu qui sert ses amis. Cette parabole, ce soir-là, Jésus la réalise. Depuis lors, elle s’accomplit en chacune de nos eucharisties.
Suivre le Christ a quelque chose de déroutant. Parfois, néanmoins, c’est jubilatoire. Dans ma vie de prêtre, il m’arrive de ressentir cela. L’allégresse de servir ! C’est peut-être même l’une des plus grandes joies de ceux que Dieu a relevés. Alors, tant que t’es debout…
Frère Sylvain Detoc,
Couvent du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon
Heureux les serviteurs vigilants… Le Seigneur se ceindra, les fera mettre à table et, passant de l’un à l’autre, il les servira.