Cybercommunication et cyber-attaques à « très hautes fréquences » : le cas Vinci

Publié le 28 mars 2018 par Infoguerre

Les attaques informationnelles contre les groupes industriels ont tendance à croître depuis plusieurs années. Cela s’explique par les modes de diffusion de l’information liés à Internet et par la démultiplication des réseaux sociaux. Il est devenu vital de chercher à comprendre comment se structure ce type d’attaque et d’en mesurer l’ordre de grandeur. La formation MRSIC lancée en 2017 par l’Ecole de Guerre Economique s’inscrit dans cette démarche. Il faut concevoir des grilles de lecture afin de cerner le modus operandi des forces qui déstabilisent par un usage offensif de l’information. A partir de cette première étape, il est possible de tirer les enseignements méthodologiques pour contrer ces formes d’action lorsqu’elles sont menées avec des intentions nuisibles pour l’entreprise et l’intérêt national.

L’étude sur le cas Vinci, réalisée par des alliés de l’EGE, correspond à un besoin pédagogique qui dépasse le cadre de la simple sensibilisation. La société de l’information est un nouveau champ d’expérimentation de méthode de combat cognitif. Aux manœuvres classiques d’attaque par le lancement de rumeurs, par le recours à la désinformation et/ou l’intoxication, s’ajoute désormais de nouvelles formes de déstabilisation qui intègrent le mensonge ou la déformation de la vérité par les fakenews, la fabrication de storytelling destiné à influencer l’opinion sans heurter frontalement les consciences, les polémiques couplées ou non aux attaques juridiques ainsi que les différentes formes de manipulation de nouvelles médiatiques destinées à fragiliser les cours de bourse.

Le groupe Vinci a été victime au cours des trois dernières années d’au moins deux de ces formes d’attaque.  La première remonte à mars 2015. Le groupe Vinci fut subitement sous les feux de l’actualité à propos de sa manière de diriger la main d’œuvre locale postée sur les chantiers liés à l’organisation du Mondial 2022 de football au Qatar. L’association Sherpa porta plainte contre Vinci Construction Grands Projets (VCGP) et sa filiale qatarie QDVC pour travail forcé, réduction en servitude et recel. Le parquet de Nanterre ouvrit à l’époque une enquête préliminaire pour vérifier les allégations de Sherpa. Cette accusation incita Vinci à exercer une pression sur sa filiale qatarie. Cette démarche aboutit à la création de chartes éthiques. Une telle attaque souleva un certain nombre de questions. Y avait-il une force concurrente qui avançait masquée en faisant en sorte que des acteurs de la société civiles’emparent du problème ? La pris en compte de cette hypothèse impliquerait de répondre à d’autres interrogations. Quelle était la nationalité du concurrent qui serait à l’origine de cette crise informationnelle ? Certains indices recueillis par des observateurs extérieurs à Vinci indiquaient qu’il n’était pas aberrant de se demander si l’attaque en question avait un lien avec un concurrent français. La seconde attaque eut lieu un an plus tard. Elle visait notamment à faire chuter le cours de bourse du groupe industriel. Le résultat fut atteint en quelques heures.

C’est l’analyse de cette seconde attaque qui est présentée dans cette étude.

Christian Harbulot

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