Comment échapper au carcan de son époque sans être taxé de fou?
C'est mission quasiment impossible: le docteur Otto Gross (1877-1920) , psychanalyste, neurologue, disciple, un temps, de Freud, intime, un autre temps, de Jung, paiera de séjours en asiles d'aliénés ses visions "anarchistes" de la société alliées à une consommation de stupéfiants.
Brimé d'un père omnipotent, le criminaliste autrichien Hans Gross, le jeune homme va tenter, sa vie durant, de conquérir un espace de liberté, exprimant des visions avant-gardistes, tant en matière de sexualité, d'érotisme, qu'alimentaires - il est végétarien - sociétales - la colonie suisse Monte Verità annonce le mouvement hippie - féministes, culturelles - il influence le dadaïsme berlinois - qu'éthiques: aidant Lotte Hatemmer et Sophie Benz à se suicider, Otto Gross prône déjà une certaine forme d'euthanasie.
Face à cet être explosif, impossible à résumer, Marie-Laure de Cazotte a choisi d'en tracer le portrait intime, saisi de l'intérieur, enrobant les faits biographiques avérés de sa compréhension fascinée de l'âme d'Otto Gross . Car c'est bien d'âme qu'il s'agit pour un être qui a passé sa vie, à pénétrer celle des autres. Ce faisant, la lauréate du Prix Horizon 2016 ( A l'ombre des vainqueurs, Ed. Albin Michel, 2014- billet de faveur en vitrine du blog) réhabilite le génie d'un homme souvent réduit à son image d'anarchiste et de toxicomane.
Une lecture..fascinante
Mon nom est Otto Gross, Marie-Laure de Cazotte, roman, Ed Albin Michel, mars 2018, 348 pp