Folles, parce que le paysage là-haut est grandiose.
Folles, parce que parfois c'est une vraie galère pour y parvenir.
Folles, parce que la nature est incroyable.
Folles, parce que certaines images restent gravées à vie.
Le désert de Platé
Le désert de Platé est accessible depuis Passy ou depuis l'horrible station de Flaine, depuis laquelle, évidemment, on peut faire comme la dame dans le reportage et prendre sagement les remontées mécaniques pour y monter. Mais quand on est dur de dur, randonneur de chez randonneur, on n'hésite pas à se faire mal pour voir du paysage. Du coup, la montée est raide, très raide et fait extrêmement mal aux jambes. Surtout quand on est ado et qu'on n'a pas une condition physique dingue. Et qu'on voit passer le téléphérique au-dessus de nos têtes. Enfin, on l'imagine, parce qu'on a les yeux fixés sur le chemin et on ahane pas mal. Il y a quand même 900 et quelques mètres de dénivelée !
Et là-haut, ça donne quoi ? Pas de photos à vous proposer mais ce bout de reportage en montre suffisamment pour qu'on se rende compte de la grandeur du truc, de l'immensité de ce désert calcaire sur lequel on se sent tout petit. Et puis, en face, le panorama offert en cadeau est celui de toute la chaîne du Mont Blanc. Alors, oui, c'est ardu, mais le jeu en vaut la chandelle.
Le glacier d'Argentière
Une leçon douloureusement apprise est une leçon retenue. Plus question de faire à pied ce qu'un téléphérique peut nous permettre de faire. A Argentière, on grimpe dans celui des Grands Montets afin de nous avancer un peu et terminer la route à pied, vers le point de vue sur le glacier. La balade n'est pas très longue, le paysage est beau, le chemin est large et agréable, c'est familial. Mais ce n'est pas une banale rando. Non. C'est l'accès au bord de ce qui est appelé à disparaître dans les années à venir et que les générations futures ne pourront pas connaître, j'ai nommé : un glacier. Une masse de glace bleutée, éblouissante et vivante qui avance, respire, souffle, craque. Entendre l'un de ces énormes craquements lorsqu'un morceau du glacier se détache est un instant magique. Sentir ce froid polaire qui monte jusqu'à nous, une sensation inédite. Toucher des yeux l'un des derniers survivants de ce que notre pollution humaine est en train d'exterminer, un cadeau inestimable. C'est là qu'il faut aller pour prendre conscience de l'urgence d'une réaction. Tant de beauté naturelle ne doit plus être sacrifiée sur l'autel du profit et du progrès technique.
Le Nid d'Aigle
Leçon à moitié retenue : le train rouge ou Tramway du Mont Blanc conduit jusqu'au terminus de l'ascension, mais un téléphérique existe aussi pour couper cette montée qui, sans lui, est très très longue. On le prend donc le téléphérique de Bellevue aux Houches, mais la rando n'est pas terminée ! On traverse la ligne de chemin de fer et c'est parti pour une belle ascension. Je me souviens de deux étapes majeures : une plaine d'altitude d'herbe verte et de fleurs, ondulant sous le léger vent d'été, avec de paisibles vaches noires Hérens. Une sorte de vestibule du paradis. Enchantement de courte durée, car par la suite il faut affronter le rocher, le minéral, quelques échelles, les jambes et les bras sollicités. Jusqu'à atteindre ce fameux nid d'Aigle, sous le glacier de Bionnassay, à l'abri des géants alpins du massif du Mont Blanc. Un lieu sur fréquenté (forcément, avec le train, tout le monde peut y avoir accès) mais les visiteurs se cantonnent plus ou moins dans le périmètre du restaurant. Dès qu'on s'en éloigne un peu, le calme revient et la vue n'en est pas altérée pour autant. Et puis, si on est discret, on peut avoir la chance de croiser, juste là, à quelques mètres, des bouquetins. Rencontre inoubliable, forcément.
Le glacier du Mont Miné
L'une des balades du dimanche prisée des valaisans qui y viennent sourire aux lèvres et bouquet de fleurs dans le sac à dos, en papotant gaiment et en marchant d'un pas léger. ça fait rêver ! Je me souviens d'un large chemin ombragé, de la chaleur lourde de l'été tempérée par la fraîcheur du torrent, du vol des papillons aux couleurs merveilleuses, des sonnailles des vaches qui accompagnent chaque pas. Le tableau bucolique par excellence... En fait, on peut tout aussi bien choisir de marcher sans s'arrêter ou de s'arrêter sans marcher et observer les beautés qui nous environnent, écouter, sentir, ressentir... Et puis, se relever, parce qu'il faut le voir, ce fameux glacier ! Il mérite le détour ! Cette cascade, ce ciel pur, ces montagnes protectrices, ces couleurs qui vont du gris au vert en passant par le turquoise. On est dans l'Himalaya, ma parole ! Où sont les yacks ? La Dent Blanche domine et, juste en face d'elle, minuscule face au géant, la petite cabane Bricola dont on se dit qu'elle est extrêmement bien située. Quelle vue doit-on avoir depuis ses fenêtres !
Le barrage d'Emosson
Un classique dans le Valais. Juste après la frontière, on s'engage à gauche sur une route assez mince. Virage après virage, on prend de l'altitude, jusqu'au grand parking du barrage d'Emosson. De là, la dernière fois que nous y sommes allés en 2015, il fallait prendre un bus (payant mais obligatoire) pour franchir le barrage en travaux (perpétuels, les travaux) et descendre de l'autre côté. Alors, la marche commence, d'abord sur la route qui monte lentement mais sûrement, sans pause, de manière monotone. En plein été, quand la chaleur monte du goudron, c'est assez réchauffant. Heureusement, il y a les quelques tunnels du plafond desquels tombent des gouttes d'eau glacée. Dans le cou, c'est l'idéal pour se rafraîchir... Ensuite, c'est l'aventure. Il y a des années de cela, on pouvait aller à pied sur le barrage du Vieux Emosson, or en 2015 il était en travaux, si bien que le "chemin" nous a entraînés en amont, sur un sentier... en fait, en vrai, il n'y avait plus de sentier. Juste un balisage peint sur les rochers, les gros cailloux. C'était assez périlleux, attention les yeux. J'en connais une qui à 7 ans s'est prise pour un chamois et a fait fi du balisage pour aller plus haut, aller plus haut... et est restée tétanisée en mode "au secours, je ne peux plus descendre". Voyez un peu le sauvetage périlleux qui a eu lieu... Plus sérieusement, le lac asséché du Vieux Emosson m'a serré le cœur, moi qui l'ai connu tout bleu, ou couvert de glace, par toutes les températures et tous les vents. Allez, on leur pardonne, aux gros engins de chantier : les barrages d'Emosson produisent de l'électricité pour une vaste région et le paysage reste un joyau. Et puis, pour les amoureux des prouesses techniques humaines, c'est un lieu à voir !
Le lac Blanc
Ahhh, le Lac Blanc, la réserve naturelle des Aiguilles Rouges, le panorama sur la chaîne du Mont Blanc de l'autre côté de la vallée, là, juste en face à vol d'oiseau : c'est un must. Il y a énormément de monde sur le chemin, malgré la difficulté de celui-ci. Disons le franchement, c'est une autoroute et ça gâche un peu le plaisir. Cette année-là, les jambes qui m'accompagnaient avaient à peine 4 ans et on me prenait pour une tortionnaire. Ne pas s'y fier : je peinais tout autant, voire plus ! Les gros cailloux sont difficiles à franchir, il faut lever les jambes sans cesse et puis le sentier monte et redescend, sans arrêt, ce qui coupe définitivement les jambes. Et c'est assez long. Malgré le télésiège qui nous conduit jusqu'à l'Index, il reste encore un bout de route à faire. Là-haut, mieux vaut avoir apporté sa gourde parce que les jus de fruits et autres boissons gazeuses sont à un prix prohibitif. Quant à trouver un endroit où s'asseoir, c'est un véritable combat. Je vous dresse un portrait bien négatif, non ? Allez, il reste la beauté du panorama, ce lac envoûtant à cette altitude, le souvenir, enfant, de l'avoir vu disparu sous une belle couche de neige et la nostalgie de réaliser que ça n'arrivera peut-être plus jamais, maudit réchauffement climatique...
Le grand col Ferret
Alors celle-là, c'est ma préférée, celle durant toute laquelle mon esprit a autant vagabondé que mes jambes, pendant le trajet de laquelle j'ai rêvé, divagué, voyagé dans ma tête et dans le paysage. D'abord, on se gare un peu au-milieu de nulle part et on se dit d'avance que ça va être génial. Ensuite, on est dans les alpages, on croise des vaches cool (tu m'étonnes ! vivre ici, ça rend zen), on sent le parfum des fleurs alpines, c'est Heidi mais en mieux. Et puis, on passe au minéral. Fini la douceur, place aux roches, au désert de gris, de bruns et d'ocres, couleurs irréelles. Enfin, on arrive au col et c'est l'éblouissement. Figurez-vous qu'on se trouve debout sur une frontière multiple : pile entre l'Italie dont on voit la belle vallée qui s'étire au loin, la France et la Suisse. Le Mont Blanc n'est pas très loin, le Mont Dolent est à portée de main et fait office de borne frontière et, au-delà des nuages on voit même le Cervin (enfin, il faut avoir de bons yeux). Qu'importe, on est là pour se raconter des histoires, pour s'embellir la vie, pour croire en la beauté du monde et en l'être humain. Pour croire en soi, pour se trouver grand et fort, pour se nourrir de ce que la nature nous offre de plus majestueux. Alors, si on a envie de voir le Cervin, on écarquille les mirettes et on le voit, et puis c'est tout ! Le grand col Ferret, un jour, j'y retournerai... et rien que de le dire ça me fait rêver...
(c'était il y a trèèèèès longtemps...)