Et ce sont ces éléments de langage qui font le plus de ravage.
On veut éteindre le feu en mettant de l'huile sur le feu.
On incrimine mais on n'élimine pas le crime.
On discrimine en traçant une ligne de démarcation entre ceux qui ont une bonne ou une mauvaise mine... car on n'a pas trouvé mieux pour nous épargner la ruine.
On tourne en rond aux portes de nous-mêmes, sans plus savoir quoi faire pour nous prévenir, pour nous guérir de cette nouvelle maladie, la maladie du terrorisme de celui qui donne la mort avant de se donner la mort, l'altruicide avant le suicide avec une menace permanente comme seul et unique interface.
C'est l'impasse : les forces de l'ordre s'efforcent de cramer les forces du désordre et les forces du désordre s'efforcent de cramer les forces de l'ordre.
Crameurs contre crameurs avec nous autres cramés, pris entre deux feux : l'ordre politique qui met le feu et l'ordre religieux qui prend feu.
On nous dit qu'il y a environ 20 000 individus susceptibles de passer à l'acte, mais que la police et la justice ne savent ni quand, ni comment ces radicalisés qui sommeillent vont ouvrir l'œil et nous obliger à faire un travail de deuil. Mors certa, hora incerta !
La mort peur survenir n'importe où et n'importe quand.
C'est n'importe quoi !!!!
Peut être parce qu'on n'a pas très bien compris les termes de cet absurde combat.
M'est-il seulement permis d'éclairer un peu le débat sans reproduire ce que disent les médias ?
Le chien dit oui de la tête...
OUI... Alors voilà !
Primo : cessons de nous interroger naïvement sur les individus qui se radicalisent du jour au lendemain... parce que c'est l'essence même de ce genre de radicalisation. Une furie qui ne peut être murie, un coup de folie qui n'a pas besoin de point d'appui. Cette tuerie est rarement le fruit d'une longue méditation, c'est souvent sans préméditation, le moindre incident peut provoquer ce genre de débordement chez tous les sujets en rupture avec l'ordre, le luxe, la volupté d'une société qui ne les reconnaît pas ou qu'ils ne reconnaissent pas.
C'est cette méconnaissance réciproque qui est à l'origine du passage à l'acte, de cette mise à feu, de cette pulsion de mort.
Secundo : n'imaginons surtout pas qu'il y a tout un corps de doctrine derrière qui sert de plateforme nourricière aux attentats perpétrés par ces apprentis sorciers.
Il ne faut pas regarder derrière mais devant : ce ne sont pas les terroristes qui font des attentats mais ce sont les attentats qui font les terroristes. Le feu appelle ou rappelle le feu. Tous les voisins du zéro vont s'estimer en mesure de devenir des héros, rien qu'en craquant une allumette.
Tous les tapages médiatico-politiques auprès de ce genre de carnage ne sont qu'une réhabilitation d'image pour délinquants à la recherche d'eux-mêmes.
Tertio : pour réaliser l'ampleur de ce drame, il faut commencer par briser le cercle vicieux dont on se sert pour faire l'état des lieux : on déclare la guerre à l'islam sous prétexte que l'islam nous déclare la guerre... au point qu'on peut légitimement se demander si c'est du terrorisme ou de l'islam qu'on cherche à se débarrasser ? Si c'est des deux, nous sommes mal barrés... parce que la plupart de nos enfants sont musulmans.
Qu'on le veuille ou non... la condescendance n'a aucune chance contre la transcendance !
Auteur interprète : Emeline Becuwe
Scénario : Emeline Becuwe
Actrice : Emeline Becuwe