Les stations du chemin de croix ornent les murs de nos églises. Le Vendredi saint, elles deviennent les étapes d'un exercice spirituel.
Le chemin de croix est un pèlerinage spirituel. Il implique l'idée d'une marche avec le Christ, d'un partage de ses épreuves, d'une progression avec lui vers un accomplissement de l'amour qui va « jusqu'au bout » (Jean 13, 1). Il est une transposition des pèlerinages en Terre sainte où l'on cherche à mettre ses pas dans ceux de Jésus, à faire revivre en nous « ses sentiments » (Ph. 2, 5).
Quand le pratiquer ?
Certains, comme le faisait le Padre Pio, pratiquent cette dévotion tous les jours vers 15 heures, moment de la mort de Jésus. Plus généralement, l'Église y encourage le vendredi, surtout durant le carême et, par excellence, le Vendredi saint.
Dans quel esprit ?
Il faut s'y engager avec un esprit de conversion et de compassion. La parole qui pourrait le mieux éclairer cette démarche est celle de Jésus lui-même :
« Qu'il prenne sa croix et qu'il me suive ! » (Matthieu 16, 24). Tout exercice de piété peut donner lieu à des excès qui n'ont alors plus rien d'évangélique. Pour les éviter, dans la méditation du chemin de croix, il faut comprendre que l'Église n'invite pas à se focaliser d'abord et surtout sur les douleurs du Christ, mais essentiellement sur les vertus qu'il a pratiquées à l'occasion de ces douleurs. À savoir : la patience, la confiance, l'abandon, le pardon, la miséricorde... Il ne s'agit donc pas de souffrir pour mieux prier. Ce qui compte ici, c'est l'union dans la foi à l'esprit vivant du Ressuscité qui, avec nous, veut bien revivre son chemin d'amour et de salut.
Comment procéder ?
La méditation des stations peut se pratiquer seul,
« à deux ou trois » (Matthieu 18, 20) ou davantage. Cette dévotion possède des accents franciscains : vue, ouïe et toucher ont ici leur importance. Pour l'accomplir en mouvement, on peut se rendre dans une église sur les murs de laquelle sont en général représentées les 14 stations. Des livrets disponibles en librairie ou en ligne aident à méditer chaque étape en l'illustrant d'une citation de l'Écriture. Au terme, il est bon d'embrasser une croix, ne serait-ce que celle du chapelet, et de se signer.
Quels fruits spirituels ?
S'unir au Christ dans ses mystères où il manifeste son amour de façon tangible et universelle est particulièrement fécond. Les saints eux-mêmes en témoignent. Ainsi, Thérèse de l'Enfant-Jésus. Le 9 juin 1895, elle prononça son acte d'offrande à l'Amour miséricordieux. Elle raconte :
« Je commençais mon chemin de croix, et voilà que, tout à coup, j'ai été prise d'un si violent amour pour le bon Dieu que je ne puis expliquer cela qu'en disant que c'était comme si on m'avait plongée tout entière dans le feu. Oh ! Quel feu et quelle douceur en même temps ! » Ces grâces sensibles sont rares et parfois ambiguës, mais on ne saurait mésestimer le bienfait spirituel profond de toute pensée cherchant dans la foi à accompagner et à consoler le Christ souffrant. Puissions-nous donc tous l'entendre un jour nous déclarer :
« Vous êtes ceux qui êtes restés avec moi dans mes épreuves ! » (Luc 22, 28).
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