Soyons clairs: rien dans les lois ni dans l’esprit des lois fondamentales ne peut interdire à Cantat de produire des disques et même de chanter en public. Dès lors qu’il a purgé sa peine infligée par la justice, un criminel a-t-il le droit à la réinsertion sociale? Oui! Qui oserait contredire cette réponse donnée par le droit… Seulement voilà, ces temps-ci, ledit tribunal populaire – à ne pas confondre avec le mouvement de fond qui balaie nos sociétés depuis l’affaire Weinstein – nous inflige une tout autre réponse. Or, que signifierait décréter la disparition publique d’un ex-condamné, fût-il artiste ? Sa condamnation à mort sociale, ni plus ni moins. Ce qui contrevient au droit et à l’humanité du droit, en son sens le plus sacré, ce par quoi se fonde l’esprit d’une République digne de ce nom… Beaucoup, dans l’intimité de leur morale, n’acceptent pas cet absolu présupposé du droit. Vu les circonstances, cela ne nous paraît pas incompréhensible. À condition de ne pas remettre en cause le cadre universel commun, sans lequel, ne l’oublions pas, le lynchage remplace vite la justice. [BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 23 mars 2018.]
Soyons clairs: rien dans les lois ni dans l’esprit des lois fondamentales ne peut interdire à Cantat de produire des disques et même de chanter en public. Dès lors qu’il a purgé sa peine infligée par la justice, un criminel a-t-il le droit à la réinsertion sociale? Oui! Qui oserait contredire cette réponse donnée par le droit… Seulement voilà, ces temps-ci, ledit tribunal populaire – à ne pas confondre avec le mouvement de fond qui balaie nos sociétés depuis l’affaire Weinstein – nous inflige une tout autre réponse. Or, que signifierait décréter la disparition publique d’un ex-condamné, fût-il artiste ? Sa condamnation à mort sociale, ni plus ni moins. Ce qui contrevient au droit et à l’humanité du droit, en son sens le plus sacré, ce par quoi se fonde l’esprit d’une République digne de ce nom… Beaucoup, dans l’intimité de leur morale, n’acceptent pas cet absolu présupposé du droit. Vu les circonstances, cela ne nous paraît pas incompréhensible. À condition de ne pas remettre en cause le cadre universel commun, sans lequel, ne l’oublions pas, le lynchage remplace vite la justice. [BLOC-NOTES publié dans l’Humanité du 23 mars 2018.]