Film potache et en même temps que film-somme, Tueurs à gage ou Grosse Pointe Blank en version originale, est un véritable pot pourri de la comédie eighties à l'américaine en même temps qu'un film désespérément en retard sur son époque (le film date de 1997). On y cause beaucoup, et souvent de pas grand chose. On s'y affronte à coup de réplique ou de pistolet, de temps en temps les deux en même temps. Ça part dans tous les sens, ça fuse même. On dirait parfois un lointain cousin américain des Tontons flingueurs, le flegme en moins.
John Cusack établit-là son archétype de l'amoureux transi et malheureux qu'il baladera de film en film par la suite (carrière de producteur comédien savamment orchestré de ce côté) et s'investi donc naturellement dans le scénario mais surtout, on l'entend, dans ses dialogues.Scénario quasiment nul et non avenu, sans motivation réel, et qui menace même pendant un moment d'entrer dans une impasse narrative si ce n'était la dévotation et l'insistance d'un personnage secondaire pour donner au héro, et au film lui-même, d'exister. D'ailleurs, dans la production comme dans la réalisation, tout semble être issu d'un accident. Les personnages se suivent, passent, repassent, tournent en rond sans vraiment quoi faire. Il y a bien cette scène magnifique des retrouvailles entre les personnages qu’incarne Minni Driver et John Cusack, littéralement pendu aux lèvres l'un de l'autre avant de s'affronter sur le terrain de la remontrance, le tout en direct sur les ondes de la radio locale. On y croyait, et on continue d'y croire tout du long, puisque le film ne s'excuse de rien, à aucun moment. In-extremis, il se conclue sans crier gare: on en aurait presque oublié le happy end.