Dans un livre sur l'altruisme, Matthieu Ricard parle d'orphelins roumains, je crois, fort mal traités, à qui il voudrait apporter de l'affection. Je me suis mis à la place des orphelins, et j'ai pensé que je n'aurais pas aimé qu'un gros bonze me serre dans ses bras. Surtout, je n'aurais pas aimé être considéré comme un misérable.
J'ai rencontré quelques personnes qui avaient vécu des moments difficiles. Elles s'étaient reconstruites seules. Et elles ne voulaient pas de commisération. Car elle fait de nous des inférieurs, des malades. Ce qu'aucun homme n'est.
L'empathie est une question de juste milieu ? Au bon dosage, elle nous permet de comprendre ce qui n'est pas exprimable en mots. Elle est utile dans l'instant. Mais elle a des dérives. Elle peut nous détruire, ou détruire l'autre. Elle nous détruit quand la souffrance perçue chez l'autre nous rend malade. Elle détruit l'autre lorsque nous nous octroyons un droit d'ingérence dans sa vie. C'est, du moins, ce qu'il me semble.