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Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee

Par Rambalh @Rambalh
Avec une Lecture Commune Accros & Mordus de Lecture j'ai pu lire ce classique de la littérature américaine. Et j'en suis bien contente !
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee

Quatrième de Couverture
Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d'office pour défendre un Noir accusé d'avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.
Mon avis
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est une immersion dans l’Amérique sudiste ségrégationniste, en Alabama, au cœur des années 30. À travers le regard d’une enfant curieuse du monde et pleine d’innocence, nous plongeons dans une intrigue où les préjugés et le racisme se heurtent à la tolérance qui peine à faire sa place.
Scout Finch est une petite fille à l’esprit vif, aux réflexions tintées d’une maturité intellectuelle impressionnante. En même temps, elle reste une enfant qui ne comprend pas tous les aspects du monde adulte, toutes les réactions autour d’elle. Ce qu’elle comprend, cependant, c’est qu’être une petite fille qui grandit n’est pas agréable. Son frère aîné, Jem, s’approche de l’adolescence et devient distant, cherchant à se comporter comme un homme, et elle ne comprend pas pourquoi il se met désormais à lui rappeler qu’elle est une fille. Sa tante tient absolument à ce qu’elle porte des robes étouffantes et à ce qu’elle tienne sa langue constamment. Son institutrice n’accepte pas qu’elle sache déjà lire alors qu’elle devrait tout juste apprendre à former des mots. Tout ce que Scout fait semble être en contradiction avec ce qu’on attend d’elle, en tant que petite fille. Et elle ne se laisse pas faire, elle est une véritable bouffée d’oxygène dans une monde où chacun doit rester à sa place.
Puis il y a les jeux, le voisin d’en face que personne n’a vu depuis des années mais que Scout et Jem cherchent à faire sortir de la maison parce que, ils en sont sûrs, il s’y cache. Il y a les querelles d’école, les habitants marginaux de Maycomb que tout le monde méprise. Et ce père, Atticus Finch, qui élève seul ses enfants en leur inculquant ses valeurs, lui, avocat droit et honnête, homme tolérant et sage. Enfin, il y a ce viol, celui d’une jeune femme blanche par un homme noir, dans un contexte où l’accusé ne peut qu’être coupable ne serait-ce qu’à cause de sa couleur de peau. Atticus est son avocat commis d’office et les questions de ses enfants fusent, celles des habitants aussi quand chacun se rend compte qu’Atticus compte bien mener cette affaire avec droiture.
Toutes ces intrigues se mêlent, s’emmêlent et prennent sens lorsque le schéma final apparaît enfin et c’est un coup de maître d’Harper Lee, une façon d’imbriquer des éléments qui nous font perdre le fil conducteur en apparence alors qu’il n’en est rien. Lorsque tout prend enfin sa place, on ne peut qu’admirer la façon dont elle a eu de tricoter les épisodes et les personnages autour d’un noyau dur qu’on ne percevait pas encore.
Et tous ces éléments mettent en avant des faits de société forts, pointent du doigt le racisme ambiant, les effets de la marginalisation des plus pauvres, les petites querelles qui grossissent chaque jour pour finir par se transformer en haine sans borne. Il y a aussi la condition de la femme, abordée à travers l’évolution de Scout, qui tient une certaine place au fil des pages, qui rappelle la séparation nette faite entre les garçons et les filles à partir du début de l’éducation, comme la ségrégation raciale à cette époque.
Avec son roman, Harper Lee offre une large palette d’axes de réflexion sur la vie, sur les inégalités, sur le fait de se conforter dans une société qui différencie les êtres humains.
Et puis il y a l’évolution des personnages de Scout et Jem, qui franchissent une nouvelle étape de leur vie avec perte et fracas : la fin de l’innocence après avoir découvert trop tôt que la nature humaine n’était pas si douce. Ils apprennent à travers une histoire très dure que leur père, leur héros, ne peut pas toujours gagner. Ils apprennent que ce héros n’est pas capable de se lever seul contre tous malgré toute sa bonne volonté. Ils apprennent surtout que ce ne sont pas les gens honnêtes et droits qui gagnent à tous les coups.
Si on peut reprocher à Harper Lee le manque de réalisme dans la construction du personnage de Scout, avec cette opposition constante entre cette innocence enfantine et des réflexions bien trop poussées pour son âge, il faut aussi louer le fait que cette imperfection fait toute la particularité du livre. Cette dualité entre innocence et pragmatisme permet de se poser les bonnes questions au fil de la lecture sans se laisser parasiter par des préjugés : Scout est une âme vierge au départ et c’est ce qu’il faut que nous soyons en lisant ces pages pour saisir toute l’injustice de l’histoire. Rappelons que ce livre a été publié en 1960, date à laquelle des lois ségrégationnistes existaient encore dans des états du sud des États-Unis, marquant une différence nette entre les citoyens selon la couleur de leur peau. Et, aujourd’hui encore, il serait de bon ton que certains apprennent à se laver de leurs préjugés avant de s’intéresser à des faits : on a tout à gagner en agissant ainsi.
Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est un roman qui permet de se plonger dans une communauté aux idées fermées, à une époque où la ségrégation faisait rage et où la meilleure volonté du monde ne suffisait pas pour que tout se termine bien. C’est un roman qui rappelle d’où nous venons et, surtout, qui nous montre malheureusement que nous ne sommes pas encore arrivés à un point où les différences sont célébrées plutôt que jugées. Mais à force de lectures, de rencontres, d’expériences, nous pouvons nous en rapprocher chaque jour un peu plus.
Les avis des Accros & Mordus de Lecture
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