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Maille a partir et maille haute

Publié le 19 mars 2018 par Fabianus

Le département français de Mayotte, qui compte parmi les territoires les plus pauvres de France, est ravagé par les problèmes sociaux. Un mouvement social contre l'insécurité et l'immigration clandestine secoue l'archipel de l'océan Indien depuis plus de trois semaines et s’invite à l’élection législative partielle sur la 1° circonscription de l’île.
MAILLE A PARTIR ET MAILLE HAUTE
Jusqu'en 1975, vivaient quatre îles au large du Mozambique, à l’est de l’Afrique. Elles vivaient heureuses car la misère est moins pénible au soleil, comme le chante un vétéran. Ces quatre sœurs composaient un territoire d’Outre-mer pour notre Marianne chérie : les Comores.
Mais, le 22 décembre 1974, à l'occasion d'une consultation d'autodétermination des Comores, les habitants d'Anjouan, visiblement enjoués, de Moheli, aux mots émus allant, et Grand Comore votèrent à plus de 95% pour l'indépendance. Seuls les habitants de Mayotte optèrent largement (64%) pour le maintien au sein de la République française. Ils jugèrent la volonté des autres comme hauts riens !
Alors, compte tenu de la position stratégique de Mayotte, de la richesse de ses fonds marins, et sans pousser plus loin la maïeutique, emmaillotée dans ses certitudes métropolitaines, la France décida de prendre en considération le choix de SON île, en violation du droit international.
L’ONU réagit aussitôt en évoquant une entorse à l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores. Trois îles sur quatre se sont engagées pour l’indépendance, elles sont majoritaires et lient l’ensemble insulaire. Mayotte ne peut jouer qu’à son insu l’air du rattachement à la France, c’est ce que l’institution internationale jugeait bon de préciser.
En dépit de maints rappels à l’ordre, la France continuera de considérer Mayotte comme territoire français, usant de son droit de veto au sein du Conseil de Sécurité de l’Onu.
Cette violation au droit international servira d’alibi, quelques années plus tard, lorsque l’annexion de la Crimée par les Russes scandalisera l’Occident. Le Kremlin aura alors beau jeu de rétorquer : balayez devant votre porte messieurs les Français, rappelez-vous de Mayotte !
Pour autant, outre l’intérêt stratégique qu’offre l’île, on ne peut pas dire que les Mahorais (habitants de Mayotte) aient beaucoup captivé les métropolitains. La France n’aida réellement ce petit bout de terre perdu dans l’océan indien que depuis sa transformation en département français (le 101ème), soit depuis 2011.
Les efforts consentis demeurèrent d’ailleurs faibles, pas suffisants pour qu’on sentît des fleurs au balcon sentant. L’investissement tardif dans l’île se noya dans un constat navrant :
-   Département le plus pauvre de France (84 % des habitants vivent sous le seuil national de pauvreté
-   En 2016, 69% des mères ayant donné naissance à Mayotte sont de nationalité comorienne.
Et c’est ce dernier point qui attire les feux de l’actualité. Mayotte, en dépit de sa pauvreté, attire tel un aimant, les habitants des autres îles. Dans cet océan de misère, la terre des Mahorais, aime, à hauts rets, capter dans ses filets des bans comoriens, pauvres poissons désespérés qui voient dans Mayotte un Eldorado.
On dénombre aujourd'hui environ 50 000 sans papiers pour 250 000 habitants. Pour essayer de stopper ces flux migratoires, le gouvernement français mit en place une procédure de visas pour les Comoriens souhaitant se rendre sur l'île de Mayotte. Ce visa dit « Balade dure », du nom de son inventeur, durcit les conditions d’accès à Mayotte pour les Comoriens.
Mais ce cataplasme sur une jambe de bois n’a pas vraiment stoppé les flux migratoires. L’attraction de Mayotte joue à plein, alimentée par des liens familiaux, culturels voire religieux qui demeurent enkystés dans la mémoire collective des habitants de l’archipel.
Pour autant, les Mahorais supportent de moins en moins ceux qui, avant, auraient pu être considérés comme des cousins. Ils imputent la précarité, la misère économique et l’insécurité aux Comoriens. Les appels au « décasage » s’intensifient. On expulse manu militari les familles comoriennes ayant établi des logements de fortune (pourtant misérables) sur des parcelles appartenant à des Mahorais.
On se fait justice soi-même, nonobstant les forces de la loi venues en grand renfort depuis le début du malaise. Le cri des "décasés" se drape d’échos morts…
Les politiques s’emparent de cette ébullition. En déplacement à Mayotte, Laurent Wauquiez, le nouveau chef des Républicains a déclaré : « quand un enfant naît ici de deux parents clandestins, il ne doit pas être Français ! »
Cette proposition qui ne semble pas applicable, car contraire au droit du sol, soulève bien le problème posé ! 
Annick Girardin, Ministre des Outre-Mer s'est aussi rendue sur place pour constater les blocages sur les routes, le mécontentement face à la pénurie et...le poids de l'islam ! Elle put constater que la religion se portait à bras le corps, Annick !
En attendant, à l’issue du premier tour de ces législatives, dans un contexte de tension endémique, deux candidats sont sortis des urnes.
Ramlati Ali, députée sortante, jadis accusée de fraudes électorales, est arrivée en tête (36,15 % des voix) devant le candidat LR Elad Chakrina (32,59 %) qui avait obtenu le soutien inédit de…Marine Le Pen !
Quel que soit le résultat définitif il faudra du temps et des efforts financiers pour donner à Mayotte un véritable statut de département français, doté d’infrastructures dignes de ce nom et assuré d’éduquer ses enfants dignement…

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