ÉCRIRE n'apprend rien.
Écrire est un Ernesto.
Axel Bogousslavsky, qui est Ernesto dans Les Enfants de Marguerite Duras, dit à sa mère qu'il ne retournera pas à l'école « parce que à l'école on m'apprend des choses que je ne sais pas ».
Écrire, lui non plus, ne veut pas apprendre ce qu'il ne sait pas. Ne veut pas qu'on lui fasse avaler du savoir constitué. N'apprend qu'avec ce qu'il sait — et qu'on ne sait pas lorsqu'on se met à écrire.
Tout à coup Écrire apprend qu'il sait.
Comme Ernesto, l'enfant qui a 7 ans et 40 ans, avec son histoire de livre trou(v)é. Un livre jeté que l'enfant ramasse, qui a été brûlé — lui reste un trou de la brûlure. Ernesto va se mettre à lire le livre à ses frères et sœurs — une histoire de roi —, lui qui n'a pas appris à lire. C'est inexplicable, et inadmissible.
Écrire aussi est un extrémiste. Son travail: arriver à lire ce qu'il sait.
Christiane Veschambre, Écrire. Un caractère, éditions Isabelle Sauvage, 2018, 80 p., 14€.