L'avenir de la SNCF

Publié le 17 mars 2018 par Guy Deridet

Une clip de M. Mondialisation qui présente très bien le problème de fond de l'avenir de la SNCF.



Le problème fondamental de l'avenir de la SNCF c'est celui de la notion de service public que l'Europe et Macron, et ceux qui les soutiennent, veulent voir disparaître à jamais.

Un service public, encore aujourd'hui, c'est un service pris en charge par l'Etat, donc avec des agents de l'Etat ou assimilés, qui a pour but de répondre à un intérêt général, ici les transports, mais il y a quantité d'autres services publics, eux aussi dans le viseur de macron : l'Education nationale, la Santé, l'Emploi, les Sports, l'Environnement etc...

Depuis toujours les services publics n'ont jamais eu l'obligation d'être rentables. Pour la bonne raison que c'est impossible. Surtout dans le domaine du transport ferroviaire. Macron veut privatiser les transports mais uniquement ce qui est rentable, c'est à dire les recettes qui en découlent, mais certainement pas les charges, énormes, qui en découlent également. Les compagnies privées qui vont à plus ou moins long terme remplacer la SNCF ne prendront pas en charge l'entretien des voies ferrées et l'achat des trains. Aucune n'en aura les moyens et si elle s'y risquait elle n'aurait aucune chance d'être rentable.

La fameuse dette de la SNCF, de plus de 40 milliards d'euros, tient essentiellement au coût énorme de ses infrastructures. Que l'Etat a toujours pris en charge et qu'il veut maintenant refiler aux régions. Double bénéfice pour l'Etat : avec cette réforme, il se débarrasse des futurs agents de la SNCF (pour cela il doit supprimer leur statut) et il se débarrasse de la dette de la SNCF, qui est en fait une dette de l'Etat.

Il y a peu Macron proposait un deal aux cheminots : je vous enlève votre statut mais je reprends la dette. Au final, dans les ordonnances déjà votées, il n'est plus prévu pour l'Etat de reprendre la dette de la SNCF. Les promesse de Macron, comme celles de Chirac en leur temps, n'engagent que ceux qui y croient encore.

Ce qu'il faut bien comprendre, je le répète encore une fois, c'est que si le statut des cheminots et le monopole de la SNCF sautent, ce seront ensuite tous les services publics que Macron s'empressera de supprimer.

Lorsque la SNCF sera privatisée :

le problème de la dette de la SNCF, raison principale de la réforme demandée par Macron, ne sera certainement pas réglé. Elle sera transférée aux régions, qui sont déjà aux abois. De la même façon que Macron a "financé" la hausse de la CSG, en supprimant une des principales ressources des communes : la taxe d'habitation. Avec Macron, ex inspecteur des finances, ce n'est plus de l'économie politique à laquelle nous assistons, c'est du bonneteau !

Les sociétés qui reprendront ce qui reste de la SNCF, à savoir ses usagers (qui deviendront des cochons de payants) ne maintiendront pas longtemps des lignes qui ne seront pas rentables. Là encore Macron et Philippe jouent les bonimenteurs : ils promettent qu'ils ne supprimeront pas les lignes non rentables mais "en même temps" il refilent ces lignes, avec les lignes rentables, à des sociétés qui non aucune vocation à perdre de l'argent.

Les transports ferroviaires ne seront plus un service public mais des entreprises comme les autres qui ne connaissent qu'un patron ; les actionnaires, ou plus précisément les gros actionnaires. Ces entreprises seront nombreuses au début puis, comme toujours, la plupart seront éliminées par un très petit nombre d'énormes entreprises qui feront alors régner leur loi, y compris, vis à vis de l'Etat français.

Bien entendu, s'il triomphe sur la SNCF, Macron s'empressera de s'attaquer le plus vite possible à d'autres services publics, pour leur faire subir le même sort. Tout ceci pour les grands bénéfices des grandes compagnies qui ont contribué à l'imposer à la place où il est aujourd'hui.



Cliquez sur ce lien



N.B


Lorsque l'Etat a engagé sa réforme de la SNCF il ya eu de nombreux articles et de nombreux débats dans les médias. Depuis que les syndicats ont fait part de leur décision d'engager une grève longue et dure, s'il n'y a pas de vraie concertation, les grands médias, à l'exception d'Internet, sont étrangement muets.

D'aucuns diraient que cela est volontaire, dans le but de ne pas troubler la concertation à venir.

Personnellement, j'en doute fort. A mon avis, c'est pour fournir le moins d'arguments possibles aux adversaires de la réforme. Du genre de ceux que j'ai exposés dans cet article.

Le grand public ne doit savoir qu'une chose, qui va être répétée tous les jours, toutes les heures, quand la grève sera lancée : la grève des cheminots pose de gros problèmes aux "usagers", qui, une nouvelle fois, vont grogner (oui, comme les cochons de payants qu'ils vont devenir) Et les grévistes, et ceux qui les soutiennent, seront des sans-coeurs qui font de la peine aux dirigeants et empêchent les honnêtes gens de travailler.

Evidemment, on se gardera bien d'évoquer les vrais motifs du gouvernement comme ceux des grévistes. On connaît parfaitement le scénario , pour l'avoir connu si souvent. Ce qui change cette fois, me semble-t-il, c'est que les médias sont déjà parfaitement muselés. Y compris ma radio préférée, France Inter, d'habitude plus prolixe que les radios privées. Depuis la décision des syndicats de se préparer à la grève, c'est l'omerta sur France inter, en ce qui concerne les problèmes de la SNCF. Pas de reportage, pas d'émission, pas de syndicaliste interviewé pour expliquer leur décision, pas de "téléphone sonne" : c'est motus et bouche cousue. Quant aux politiques, n'en parlons pas. Comme d'habitude, ils sont aux abonnés absents et évitent, comme la peste, de se mouiller dans cette affaire.

Un service public c'est par définition un service qui appartient aux français. La mort programmée d'un service public devrait interpeller tous les français. A commencer par les "vrais" journalistes, s'il en reste encore. Vu l'ambiance sépulcrale qui règne actuellement sur cette affaire je crains fort que nous nous dirigions vers un enterrement sans fleurs ni couronnes.

Plus ça va, ou plutôt, plus ça ne va pas, plus je me dis que finalement les français ont le Macron qu'ils méritent.