Mamie retrouve sa raison de vivre

« Deux mois sans eux, c’était l’enfer »

 
soupire Mamie, encore sous le choc d’avoir retrouvé la prunelle de ses yeux.
Une attente épouvantable s’est terminée hier, en fin d’après-midi, quand le camion transportant les porcelets de Mamie pris en otages par un éleveur de cochons révolté et décidé à tout pour faire entendre sa voix est entré dans la cour de la ferme. On se souvient de ce terrible drame qui avait eu lieu à la fin du mois d’avril, lorsque l’éleveur avait pris le maquis contre les décisions gouvernementales et, pour faire entendre sa voix, avait organisé avec ses partisans le rapt des porcelets de Mamie, au nez et à la barbe de la pauvre fermière qui n’avait rien pu tenter pour les protéger. Malgré d’âpres négociations, l’éleveur était resté ferme sur ses positions, ayant même menacé de « trancher la gorge des porcelets et d’en faire du boudin » si « on » persistait à appliquer « ses » décisions ineptes et injustes. Il a fallu toute la ruse et tout le dévouement des comités de soutien aux « cochons rapeurs raptés » pour qu’enfin, la situation se débloque, sans que le gouvernement y soit pour quelque chose. Un commando déguisé en sangliers a encerclé le lieu où les otages étaient retenus puis a foncé sans sommation, toutes défenses dehors. Il n’y a eu à déplorer qu’une petite hémorragie (artère fémorale percée) de la part d’un des gardiens des cochonnets.

Les porcelets libérés, on les a fait rapidement monter dans un camion et ils ont été transportés en toute hâte vers leur soue natale.

A peine avait-on ouvert les portières qu’ils se sont précipités vers leur maîtresse, en larmes, et une scène particulièrement émouvante s’est déroulée sous les yeux des caméras, des appareils photos, des stylos bille et des stylos plume.

 
Mamie s’est baissée d’un seul coup et a pris ses porcelets dans ses bras, les a serrés contre elle en répétant « mes chéris, mes amours » et c’est quand elle a voulu se relever que les choses se sont un peu gâtées. Dommage qu’un lumbago soit venu assombrir une si belle et touchante cérémonie. Néanmoins Mamie a reçu les photographes et les journalistes du monde entier allongée sur son divan, le dos bloqué et entourée de ses porcelets, et a déclaré qu’elle remerciait la France , la Terre , Dieu, la Vierge , les Saints du Paradis, Satan, Belzébuth et tout le reste de lui avoir permis de retrouver sains et saufs ceux qui sont pour elles « le soleil, la lune, Mercure, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Pluton, les étoiles, les constellations, l’univers, le cosmos » et la litanie s’est arrêtée là parce que Mamie est tombée en panne d’inspiration. Mais elle en a profité pour sortir son chapelet et commencer une neuvaine. Enfin, un drame qui se termine bien ! La rédaction d’Astrocochon est de tout cœur avec Mamie et souhaite longue et heureuse vie à ses porcelets qui, semble-t-il, n’ont pas trop souffert de leur claustration vu qu’ils ont pris quelques kilos en trop.

Mais ceci est une autre histoire, qui aura peut-être des suites dans quelques mois.